C’est peu dire que ce témoignage risque de provoquer des remous à la Fédération française de football (FFF). Mardi 23 janvier, quelques heures après la publication du rapport de la commission d’enquête parlementaire sur les défaillances des fédérations sportives, le compte rendu de l’audition à huis clos et sous serment par les députés de l’ancienne directrice générale de la FFF, Florence Hardouin, le 9 novembre 2023, a été publié sur le site Internet de l’Assemblée nationale.
Et le témoignage de celle qui a dirigé la « 3F » d’une main de fer, aux côtés de l’ex-président Noël Le Graët, dit « NLG », durant une décennie (2013-2023), est accablant. Il met notamment en cause l’ex-dirigeant de l’instance, 82 ans.
Alors que l’Inspection générale de l’éducation, du sport et de la recherche (IGESR) a considéré, en février 2023, que les « méthodes » de l’ex-directrice générale étaient « brutales », elle reconnaît avoir « pu être maladroite » dans « ses méthodes de travail, issues du monde de l’entreprise », et se défend d’avoir « eu un comportement harcelant ».
Mme Hardouin assure aux députés avoir « mené une grosse transformation organisationnelle » pour faire « progresser l’institution » tout en adressant quelques tacles au passage : « Aujourd’hui, les salariés sont recrutés pour leurs compétences. Il faudrait parvenir à ce que ce soit aussi le cas de certains élus qui occupent des postes-clés. »
Le Mondial 2018 « a attisé beaucoup de jalousies »
« Je considère en effet que certaines personnes ne sont pas à leur place au sein du comité exécutif, qu’elles ont des postes ou des missions qui ne correspondent absolument pas à leurs compétences », persifle l’ancienne directrice générale, citant en exemple la trésorière de la FFF, Aline Riera.
Pour Mme Hardouin, la dégradation « crescendo » de ses rapports avec M. Le Graët et la crise de gouvernance de la FFF s’expliquent par la « bascule » qu’a constituée la victoire des Bleus à la Coupe du monde 2018, « qui a attisé beaucoup de jalousies », montant un « peu à la tête de beaucoup de personnes », par la mise en place en 2021 du plan social à la « 3F » (une vingtaine de postes supprimés), et par le « vieillissement naturel » de M. Le Graët.
A propos de son ancien patron, visé depuis janvier 2023 par une enquête préliminaire du parquet de Paris pour « harcèlement sexuel et moral » et démissionnaire en février, Mme Hardouin rappelle le « lien de subordination » auquel elle était « soumise ». « Je ne faisais absolument pas ce que je voulais », insiste-t-elle. Selon cette dernière, M. Le Graët avait « tous les pouvoirs. »
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