L’année 2023 devait être celle de la récession tant de fois annoncée ; elle a été celle d’un solide rebond. L’économie américaine a connu une croissance de 2,5 % contre 1,9 % en 2022, comme l’a révélé, jeudi 25 janvier, le ministère du travail. Cette performance s’explique par des chiffres meilleurs que prévu pour le quatrième trimestre, avec une hausse en rythme annuel de 3,3 % de la richesse nationale produite par rapport au trimestre précédent, contre 2 % attendus.
L’économie nationale a été tirée par la consommation des ménages, les exportations et les dépenses gouvernementales, alors que le déficit budgétaire est hors de contrôle, dépassant 2 000 milliards de dollars (environ 1 838 milliards d’euros) ou 7 % du produit intérieur brut en rythme annuel. Seule déception : l’investissement, qui n’a progressé que de 1,7 % au quatrième trimestre.
Le président, Joe Biden, s’est aussitôt félicité de ces résultats dans un communiqué : « Les salaires, la richesse et l’emploi sont plus élevés aujourd’hui qu’ils ne l’étaient avant la pandémie [de Covid-19]. C’est une bonne nouvelle pour les familles et travailleurs américains. Cela représente trois années consécutives de croissance de l’économie sous ma direction », s’est réjoui le candidat démocrate à sa réélection.
Sa secrétaire au Trésor, Janet Yellen, a salué la performance à l’occasion d’un colloque à Chicago : « Même si certains prévisionnistes pensaient qu’une récession [en 2023] était inévitable, le président Biden et moi ne l’avons pas pensé. Au lieu de se contracter, l’économie a continué de croître, portée par les travailleurs américains et la stratégie économique du président. »
Les économistes sont effectivement admiratifs de cette performance. « A ma grande surprise et avec grand plaisir, nous avons fait atterrir l’économie en douceur. Les risques de sortie de piste avec une résurgence de l’inflation ou une récession sont réels mais équilibrés et pas inhabituellement élevés. La Fed [Réserve fédérale, banque centrale] mérite beaucoup de crédit et devrait bientôt commencer à réduire ses taux », se réjouit l’économiste de Harvard Jason Furman.
Wall Street bat des records
En effet, la banque centrale a réussi un exploit : juguler l’inflation sans passer par la case récession. La hausse des prix avait atteint 9,1 % en juin 2022 et la Fed avait monté brutalement ses taux de zéro en mars 2022 à 5,25 % à l’été 2023. De ce fait, l’inflation est retombée à 3,4 % en décembre 2023 et la Réserve fédérale a pu prédire trois baisses de taux en 2024.
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