La procureure de la République de Laval, Anne-Lyse Jarthon, a annoncé jeudi 18 janvier l’ouverture d’une enquête judiciaire contre l’abattoir municipal de Craon (Mayenne), à la suite d’une plainte de l’association L214, dénonçant le fait que des animaux étaient encore vivants au moment de leur découpe.
L’association, qui lutte contre la maltraitance animale, avait porté plainte, mercredi, pour actes de cruauté, sévices graves et mauvais traitements, et transmis à la justice plus de quatre heures d’images filmées. La plainte doit faire l’objet « d’une enquête judiciaire qui sera confiée à la gendarmerie », a précisé la procureure de la République de Laval.
L’association a précisé, par ailleurs, au Monde que les salariés de l’établissement encourent des risques « du fait des manipulations difficiles », rappelant que dans deux autres abattoirs, deux employés ont récemment été tués dans le Lot et dans le Nord.
« Les services de l’Etat ont adressé le 21 avril 2023 à l’exploitant de cet abattoir une mise en demeure sur les conditions d’immobilisation des animaux avant leur étourdissement », qui a été levée « le 12 juillet suivant au regard des actions correctives déjà engagées », a fait savoir la préfecture.
La ville de Craon nie les accusations de L214
Fin décembre 2023, « un nouvel équipement de contention plus adapté à toutes les tailles de bovins a notamment été mis en service », poursuit la préfecture, pour qui les installations filmées par L214 « ne sont donc pas celles actuellement en service au sein de l’abattoir de Craon ».
La ville de Craon se défend et précise de son côté que « de lourds investissements ont été réalisés dans son abattoir » et nie les accusations de L214 contre qui « Bertrand de Guébriant, maire de Craon, se réserve le droit de porter plainte », selon un communiqué.
Les images, tournées « en fin d’année dernière », selon le site de l’association, montrent des animaux encore conscients après l’étourdissement. « Des vaches réagissent aux coups de couteau et à la pince guillotine lors de la découpe de leurs pattes avant, de leurs cornes ou de leur tête. Pourtant, à ce stade de la chaîne d’abattage, les animaux devraient être morts », selon L214.
L’association dénonce des « problèmes structurels » dans l’abattoir et « l’absence d’intervention des services vétérinaires ». « Les quatre abattoirs d’animaux de boucherie que compte la Mayenne, parmi lesquels le site de Craon, font l’objet d’une inspection permanente par les services vétérinaires de l’Etat », a répondu la préfecture dans un communiqué.