Finaliste du Grand Prix du 51e Festival de la bande dessinée d’Angoulême, l’auteur américain Daniel Clowes n’avait pas remporté la prestigieuse récompense qui couronne la carrière d’un auteur – la Britannique Posy Simmonds a raflé la mise. Grand nom de la bande dessinée indépendante outre-Atlantique, l’auteur de 62 ans ne repart pas bredouille de cette édition, loin s’en faut, puisqu’il a remporté, samedi 27 janvier, le Fauve d’or pour Monica (Delcourt, 2023), plus grande distinction au palmarès de l’événement pour un album. Il succède à La Couleur des choses (Ça et là, 2022) de Martin Panchaud, lauréat de l’édition 2023.
Composée de neuf segments (« Foxhole », « The Glow Infernal », « Krugg »…), l’œuvre décline autant d’arcs narratifs indépendants les uns des autres qui finissent par se rejoindre et former un tout. L’histoire d’une quête d’identité, celle d’une femme née de père inconnu. En s’adonnant à un savoureux mélange des genres, qui voit le récit naviguer de la romance à l’horreur en passant par le livre de guerre, l’auteur dessine une autre histoire de l’Amérique contemporaine, faite de névroses et d’insatisfactions.
On doit à Daniel Clowes une quinzaine de titres, dont l’un des premiers, Ghost World (Vertige Graphic, 1999) avait connu une adaptation sur grand écran par le réalisateur Terry Zwigoff en 2001. Avec un style proche du roman-photo et de l’univers des comics, fait de traits précis et couleurs vives, il emprunte beaucoup à son histoire personnelle.
Le Fauve d’honneur pour la Japonaise Moto Hagio
Le jury qui a plébiscité Daniel Clowes était présidé par le musicien Thomas Bangalter (ex-Daft Punk) et était composé de l’autrice de BD Marion Fayolle (Les Amours suspendues, Magnani, 2017), de la musicienne Aurélie Saada, de l’escrimeur Enzo Lefort, de la journaliste Eva Bester, du libraire Vincent Poirier et de l’auteur de la série de mangas Radiant, Tony Valente.
La Japonaise Moto Hagio, dont l’œuvre fait l’objet d’une exposition jusqu’au 17 mars au Musée d’Angoulême, reçoit quant à elle le Fauve d’honneur pour l’ensemble de son œuvre. Moins connue dans l’Hexagone que dans son pays, l’autrice de plusieurs sagas comme Le Clan des Poe a donné un élan féminin au manga shojo.