Une dernière prière a été prononcée, recouverte par le bourdonnement des drones qui tournoient en continu dans le ciel gazaoui. Les trois dépouilles ont ensuite été ensevelies dans des trous creusés à la hâte dans l’enceinte de l’hôpital Al-Nasser à Khan Younès, dans le sud de la bande de Gaza. Des dizaines de corps y ont été enterrés lundi 22 janvier, faute de pouvoir les amener au cimetière. Les snipers israéliens quadrillent la zone et tirent sur tous ceux qui s’aventurent hors de l’hôpital.
Depuis dimanche soir, l’armée israélienne mène une opération d’ampleur dans l’ouest de Khan Younès. Les combats, les plus meurtriers depuis le début de l’année, devraient durer « quelques jours » a fait savoir l’armée israélienne. Depuis la fin de la trêve, début décembre 2023, l’armée concentre ses assauts dans le centre et le sud de l’enclave, où elle fait montre de la même brutalité que lors de l’attaque du nord du territoire palestinien, en novembre.
« Toute la nuit [de dimanche à lundi], on a entendu des bombardements. Les murs, les fenêtres, le sol, tout tremblait, a rapporté au Monde Léo Cans, chef de mission de Médecins sans frontières (MSF) en Palestine, qui logeait à quelques kilomètres de l’hôpital Al-Nasser et de la zone côtière frappée. Cela indique qu’il s’agissait de bombes pénétrantes destinées à détruire des immeubles ou de potentiels tunnels. On entendait aussi les navires qui pilonnaient. »
Les troupes israéliennes ont atteint pour la première fois les alentours d’Al-Mawasi, vaste étendue sablonneuse, au bord de la mer, où des milliers de déplacés ont érigé leurs tentes ces dernières semaines. L’armée avait désigné le lieu comme « sûr » début décembre 2023 en ordonnant l’évacuation des quartiers est de Khan Younès.
L’étau se resserre
Le ministère de la santé de Gaza a annoncé que 190 personnes ont été tuées en vingt-quatre heures entre le 21 et le 22 janvier. Le Hamas a accusé Israël d’avoir visé cinq abris où s’entassaient quelque 30 000 réfugiés. Les troupes israéliennes ont ainsi attaqué l’université Al-Aqsa où s’étaient réfugiés des déplacés et elles empêchaient « les ambulances de bouger pour aller chercher les corps des martyrs et les blessés dans l’ouest de Khan Younès », accuse Ashraf Al-Qudra, le porte-parole du ministère de la santé local.
L’Etat hébreu rétorque, comme depuis le début de la guerre qui a causé la mort de plus de 25 000 Gazaouis, en majorité des femmes et des enfants, que le mouvement islamiste « exploite la population civile, les abris et les hôpitaux ».
Il vous reste 65% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.