De nouveaux bombardements israéliens ont fait une centaine de morts, la nuit dernière, dans la bande de Gaza assiégée et dévastée, a annoncé le Hamas, samedi 24 février, avant des discussions à Paris sur une trêve en présence d’une délégation israélienne.
Plus de quatre mois après le début de la guerre entre Israël et le mouvement islamiste, la situation humanitaire ne cesse d’empirer dans le territoire palestinien, où l’ONU redoute « une menace de famine de masse » faute d’approvisionnements suffisants en eau et nourriture.
L’inquiétude grandit chaque jour à Rafah, à l’extrémité sud du territoire palestinien, où se massent au moins 1,4 million de personnes, pour la plupart des déplacés, menacées d’une opération de grande envergure de l’armée israélienne.
Avant l’aube, les bombardements israéliens ont coûté la vie à 103 Palestiniens au moins dans la bande de Gaza, selon le ministère de la santé du Hamas, qui fait état quotidiennement état d’une centaine de morts. Depuis le début de la guerre, le 7 octobre 2023, 29 606 personnes ont, selon lui, été tuées dans l’enclave.
Des commandos du Hamas infiltrés de Gaza ont mené ce jour-là une attaque d’une violence sans précédent dans le sud d’Israël, durant laquelle au moins 1 160 personnes, en majorité des civils, ont été tuées, selon un décompte de l’Agence France-Presse réalisé à partir de données israéliennes.
Quelque 250 personnes ont été en outre enlevées et emmenées dans l’enclave. Selon Israël, 130 otages, dont 30 seraient morts, y sont encore retenus, et une centaine ont été libérés à la faveur d’une trêve d’une semaine observée fin novembre en échange de prisonniers palestiniens.
Après l’attaque, l’Etat hébreu a juré d’anéantir le mouvement islamiste, qui a pris le pouvoir à Gaza en 2007 et qu’il considère, à l’instar des Etats-Unis et de l’Union européenne, comme une organisation terroriste.
Les Etats-Unis opposés à une « réoccupation de Gaza »
Après avoir mené une campagne de bombardements, l’armée israélienne a lancé le 27 octobre une offensive terrestre dans le nord de la bande de Gaza, et ses soldats ont progressé jusqu’à Khan Younès, dans le sud de l’enclave, où se concentrent les combats.
Déterminé à poursuivre la guerre jusqu’à l’élimination du Hamas, le premier ministre israélien, Benyamin Nétanyahou, a présenté jeudi un plan d’« après-guerre » qui prévoit de maintenir la bande de Gaza, occupée de 1967 à 2005, sous « contrôle sécuritaire » d’Israël.
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Ce plan a été immédiatement récusé par le Hamas et l’Autorité palestinienne. Il a par ailleurs suscité une vive réaction des Etats-Unis, principal allié d’Israël, dont le chef de la diplomatie, Antony Blinken, a réaffirmé l’opposition de Washington à toute « réoccupation israélienne » de Gaza.
De nouvelles discussions sont prévues samedi à Paris pour tenter d’obtenir une trêve assortie d’une libération des otages. Une délégation israélienne emmenée par David Barnea, chef du Mossad, est arrivée dans la capitale française.
M. Barnea avait rencontré fin janvier à Paris ses homologues américain et égyptien et le premier ministre du Qatar, principaux médiateurs du conflit. D’après une source proche du Hamas, le plan prévoyait alors une trêve de six semaines et la libération de 200 à 300 prisonniers palestiniens en échange de 35 à 40 otages. Des pourparlers ont par ailleurs eu lieu cette semaine en Egypte, et un émissaire américain vient d’achever une mission en Israël.
En Israël, des familles d’otages ont appelé à une vaste mobilisation, samedi, pour réclamer leur libération. « Ramenez-les à la maison, c’est tout. On ne peut pas rester là plus longtemps, on finira par s’écrouler », a déclaré Avivit Yablonka, sœur d’un otage qui vient chaque semaine sur une place de Tel-Aviv devenue le point de ralliement des familles.
En quatre mois et demi, la guerre a fait des centaines de milliers de déplacés et a poussé environ 2,2 millions d’habitants, soit l’immense majorité de la population de la bande de Gaza, au bord de la famine, selon l’ONU. L’aide, dont l’entrée est soumise à l’aval d’Israël, est toujours insuffisante, et son acheminement vers le nord est difficile en raison des destructions et des combats.