Samedi 20 janvier, ouverture de la 17e édition du festival Au fil des voix à Paris. Première des soirées au 360, nom désormais raccourci du 360 Paris Music Factory, lieu de musique créé en 2020 au cœur du quartier populaire de la Goutte d’or, dans le 18e arrondissement. Paris grelotte mais la salle est pleine. Saïd Assadi, créateur du lieu et de ce festival cultivant l’éclectisme de l’axe flou des « musiques du monde », introduit la soirée. Il souligne la mission de ce rendez-vous : inviter des artistes à présenter leur dernier album paru.
Comme celui enregistré en trio par l’excellent chanteur et musicien (mandole, n’goni) Aziz Sahmaoui, jeune soixantenaire au regard d’adolescent rêveur découvert en France à la fin des années 1990 dans l’Orchestre national de Barbès, avec l’inventif violoncelliste et compositeur Eric Longsworth, de trois ans son aîné, et le percussionniste (également à la voix) Adhil Mirghani, à l’affiche en ce samedi soir. Ils l’avaient joué sur scène pour la première fois à Paris au Studio de l’Ermitage, lors de sa parution en février 2023.
Un album au titre aussi long qu’énigmatique, Il fera beau demain matin jusqu’à midi. Dix chansons écrites et chantées en arabe, hormis quelques phrases en français sur l’ironique Radio Safi, par Aziz Sahmaoui, deux instrumentaux composés par Eric Longsworth et une adaptation de Morning Has Broken, un texte initialement écrit par la poétesse britannique Eleanor Farjeon (1881-1965), dont le chanteur anglais Cat Stevens a fait un succès avec son album Teaser and the Firecat (1971).
Airs traditionnels gnawas
Du moment où ils surgissent de derrière le rideau en fond de scène aux rappels, Sahmaoui et Longsworth font défiler quasiment tout le répertoire de leur œuvre commune, dans une ambiance décontractée et chaleureuse. Aziz Sahmaoui fait chanter le public. Tout le monde joue le jeu et le rythme sans se faire prier. Entre chaque titre, le chanteur sème humour, anecdotes, éclaire le sens des textes.
« Mektoub [“destin”], c’est l’histoire du conflit qui ne se termine pas, une petite fille qui pleure en voyant sa maison détruite et se pose la question : pourquoi il pleut des braises, pourquoi il y a des inconnus chez nous… » Un morceau présent sur le premier album du groupe de fusion radieuse University of Gnawa, qu’il a cofondé en 2011, avec, entre autres, Alune Wade (basse, chant) et Hervé Samb (guitare, voix). Plusieurs titres du répertoire sont des relectures de morceaux enregistrés avec University of Gnawa – outre Maktoube, Yasmine, Coquelicot, Un homme bon.
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