Adam Neumann n’a jamais accepté de s’être fait virer sans ménagement de son « bureau » en 2019. Entendez, viré du géant des espaces de travail partagés WeWork, qu’il avait fondé à New York, en 2010, avec Miguel McKelvey, placé depuis novembre 2023 sous le chapitre 11 de la loi américaine sur les faillites – une procédure qu’il conteste vigoureusement.
Controversé et déchu pour sa gestion hasardeuse et sa folie des grandeurs, il a décidé de soumettre une offre de rachat de la société, explique une lettre de son avocat datée du lundi 5 février et révélée par le New York Times.
Pour l’heure, les dirigeants de WeWork n’ont pas donné suite aux demandes d’information des investisseurs potentiels : M. Neumann lui-même et sa société Flow Global, le fonds d’investissement de la Silicon Valley Andreessen Horowitz et le hedge fund de l’activiste Dan Loeb, Third Point, qui assure prudemment n’en être qu’à des « conversations préliminaires ». Ils ont juste répondu que leur travail de restructuration garantira à WeWork « la meilleure position possible en tant qu’entreprise indépendante, bien valorisée, financièrement solide et durable à long terme ».
Modèle économique intenable
Dans sa lettre, l’avocat d’Adam Neumann, Alex Spiro, prévient qu’il a besoin de ces éléments financiers « pour faire une offre de rachat de la société ou de ses actifs ». Sans doute très basse, voire à la casse. Ils se disent, en effet, prêts à « soumettre une proposition détaillée » aux créanciers et aux bailleurs, convaincus que, dans un monde du travail « hybride » mélangeant bureau, déplacements professionnels et télétravail, les produits proposés par WeWork ont toute leur place.
Qu’est-ce qui aurait donc changé depuis que le modèle économique de cette société s’est révélé intenable ? WeWork louait des espaces de coworking, les modernisait, avant de les louer à son tour dans le cadre de baux flexibles, mais périlleux pour les rentrées de liquidités, quand un locataire important décidait d’aller voir ailleurs. En 2020-2021, la pandémie de Covid-19 n’avait fait qu’aggraver la situation.
A son zénith, début 2019, l’entreprise était valorisée 47 milliards de dollars (43,6 milliards d’euros). Une valeur sans fondement pour une société immobilière qui n’avait encore dégagé aucun bénéfice. Quand elle entre à Wall Street, en octobre 2021, après avoir retardé l’opération de deux ans, sa valorisation tombe à 9 milliards. Elle ne vaut presque plus rien aujourd’hui, sans être pour autant au bout de ses peines. WeWork risque de devoir emprunter encore pour payer le loyer des locaux qu’elle occupe et solder le passé, avant une hypothétique renaissance.