dimanche, octobre 6

Après Edouard Philippe, Jean Castex, Elisabeth Borne et Gabriel Attal, qui sera le cinquième Premier ministre d’Emmanuel Macron ? Alors que les élections législatives anticipées provoquées par la dissolution de l’Assemblée nationale ont rendu leur verdict, les spéculations vont bon train concernant l’identité du futur chef du gouvernement.

Au cours des dernières semaines, plusieurs noms ont ainsi émergé, soit en s’autoproclamant candidat au poste, soit en revenant avec insistance dans les rumeurs et autres bruits de couloir émanant de la classe politique. Au vu des résultats de ce dimanche 7 juillet, les candidats représentant l’extrême droite ou la droite ne semblent plus d’actualité, mais une chose est sûre, la décision finale reviendra au président de la République.

Âgée de 37 ans, la secrétaire nationale des Ecologistes-EELV a acquis une certaine notoriété pendant la séquence électorale qui vient de se clôturer, en multipliant les sorties médiatiques remarquées. Entrée chez les Verts en 2009, alors qu’elle était encore étudiante à l’Institut d’Etudes Politiques (IEP) de Lille (Nord), elle a rapidement gravi les échelons au sein du parti écologiste, tout en travaillant dans le domaine de la gestion des établissements de santé.

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Originaire de Hénin-Beaumont (Pas-de-Calais), Marine Tondelier y a été candidate à plusieurs élections locales depuis une douzaine d’années. Elle occupe notamment les postes de conseillère municipale, de conseillère communautaire et de conseillère régionale. Dans une ville dont le maire depuis 2014, Steeve Briois, est une figure du Rassemblement National (RN), Marine Tondelier incarne une opposition de gauche combative, à l’image de ce qu’elle a pu montrer dans les médias ces dernières semaines. Secrétaire nationale de son parti depuis 2022, elle avait joué un rôle important dans les négociations ouvrant la voix au Nouveau Front Populaire, au lendemain des élections européennes.

Lui aussi originaire du nord de la France, François Ruffin s’est fait connaître dans les années 2000 en tant que journaliste engagé. Après avoir notamment travaillé pour Le Monde Diplomatique ou la célèbre émission « Là-bas si j’y suis », sur France Inter, il a également fondé le trimestriel Fakir, qui se définit comme un « journal fâché avec tout le monde. Ou presque. » Dans les colonnes de ce média indépendant clairement orienté à gauche, Ruffin et ses collaborateurs ont publié de nombreux reportages et enquêtes sur des sujets sociaux, souvent en lien avec le monde du travail.

Dans la même veine, François Ruffin a réalisé en 2015 un premier long-métrage, Merci Patron !, qui s’intéressait aux délocalisation pratiquées par Bernard Arnault et fut suivi de deux autres films sortis au cinéma (J’veux du soleil, en 2019, sur le mouvement des Gilets Jaunes et Debout les femmes !, en 2021, sur les difficultés rencontrées par les travailleuses des métiers du lien). Entretemps, François Ruffin est aussi entré en politique, dans la foulée de son implication dans le mouvement Nuit Debout en 2016. Elu député de la Somme en 2017, il a ensuite été réélu en 2022. S’il siégeait auparavant auprès de La France Insoumise (LFI) à l’Assemblée nationale, il a annoncé il y a quelques jours sa rupture définitive avec le parti de Jean-Luc Mélenchon.

Né, comme François Ruffin, en 1975, Boris Vallaud est moins connu que sa compagne, l’ancienne ministre Najat Vallaud-Belkacem. Mais comme elle, il est un membre historique du Parti Socialiste (PS) et un pur produit du haut fonctionnariat français. Passé par Sciences Po Paris, puis par l’ENA (où il fut notamment le camarade de promotion d’Emmanuel Macron), il a commencé sa carrière dans l’administration préfectorale avant d’entrer dans l’équipe d’Arnaud Montebourg au conseil général de Saône-et-Loire en 2008.

Après les victoires du PS à la présidentielle et aux législatives de 2012, Vallaud suit son mentor Arnaud Montebourg, qui entre au gouvernement. Suite au départ de ce dernier du Ministère de l’Economie en 2014, Boris Vallaud refuse de devenir le chef de cabinet du successeur de Montebourg, Emmanuel Macron. Il se rapproche alors de l’Elysée et devient l’un des conseillers de François Hollande. Rescapé de la débâcle socialiste de 2017, il est élu cette année-là député de la 3e circonscription des Landes. Il annonce alors dans une interview à Mediapart vouloir « porter une contradiction moins radicale que celle des insoumis et des communistes », notamment sur les questions sociales. Président du groupe socialiste depuis 2022, il est réputé pour être un homme de consensus, qui a toujours pris soin de ne se fâcher avec personne.

À peine plus âgée que Boris Vallaud, Valérie Rabault appartient à la fois à la même génération politique et au même parti, le PS donc. Ingénieure de haut niveau (elle est diplômée de l’Ecole Nationale des Ponts et Chaussées, et est également titulaire d’un MBA), elle a travaillé dans les années 2000 dans le secteur bancaire, et plus précisément dans celui de la finance internationale. En 2011, elle a cependant décidé de mettre cette carrière professionnelle de côté pour se lancer complètement en politique.

Entrée au PS en 2000, Valérie Rabault a ainsi tenu un rôle actif au sein de la fédération des Français de l’étranger lorsqu’elle travaillait à Londres, et a ensuite rejoint la fédération de Tarn-et-Garonne, où elle s’est installée comme une figure majeure. Élue députée en 2012, elle siège depuis à l’Assemblée nationale, où elle a exercée de nombreuses missions techniques, notamment au sein de la commission des Finances, de l’Économie générale et du Contrôle budgétaire. En 2022, elle refuse une première fois le poste de Première ministre proposé par Emmanuel Macron, mais est élue à la vice-présidence de l’Assemblée nationale. Auparavant présidente du groupe socialiste entre 2018 et 2022 (un poste auquel lui a donc succédé Boris Vallaud), elle avait quitté ce poste après avoir marqué son opposition à l’alliance avec LFI au sein de la NUPES. Plus récemment elle s’est prononcée pour un rassemblement à gauche autour de Raphaël Glucksmann.

Né en 1951, le fondateur de LFI est assurément la plus expérimentée des personnalités pressenties pour rejoindre Matignon. Si ce fils d’un couple de « Pieds-noirs » a exercé plusieurs professions dans sa jeunesse (ouvrier dans une usine d’horlogerie, professeur de français, journaliste…), il s’est évidemment surtout fait connaître par sa très longue carrière politique. Encore lycéen en 1968, il participe toutefois activement à la révolte sociale du printemps. Au cours de son passage à l’université, il rejoint ensuite l’Organisation communiste internationaliste (OCI), de tendance trotskiste.

Dans les années 1980, l’implication de Jean-Luc Mélenchon dans la politique devient de plus en plus concrète avec son entrée au PS. Elu au conseil général de l’Essonne en 1985, il entre ainsi au Sénat en 1986. Au cours des années 1990, il incarne de plus en plus l’aile gauche d’un PS conquis par la doctrine libérale. Cette différence se transforme en opposition dans les années 2000 : Jean-Luc Mélenchon se fait notamment remarquer en faisant campagne pour le « non » au référendum de 2005, allant ainsi à l’encontre de la consigne de son parti. La scission est inévitable et en 2008, Mélenchon quitte le PS pour fonder le Parti de Gauche. Il sera ensuite candidat trois fois à l’élection présidentielle, rassemblant à chaque fois un nombre plus important d’électeurs (un peu moins de 4 millions en 2012 ; 7,1 millions en 2017 ; 7,7 millions en 2022). Elu député des Bouches-du-Rhône en 2017 sous les couleurs de LFI, il ne s’est pas présenté de nouveau en 2022 et n’exerce actuellement aucun mandat.

Autre figure majeure du PS, Carole Delga apparaît comme l’une des autres personnalités politiques susceptibles d’être contactées par Emmanuel Macron pour le poste de chef du gouvernement. Cette ancienne fonctionnaire territoriale est entrée en politique en 2004 et n’a cessé de gravir les échelons depuis au sein de l’appareil socialiste. Secrétaire d’État chargée du Commerce, de l’Artisanat, de la Consommation et de l’Économie sociale et solidaire entre 2014 et 2015, dans le gouvernement de Manuel Valls, elle a ensuite été élue présidente de la région Occitanie en 2016.

Largement réélue en 2021, Carole Delga a consolidé sa position parmi les cadres du PS grâce à ce mandat régional. Elle occupe d’ailleurs depuis sa réélection le poste de présidente des Régions de France (présidente des présidents de région). Sur le plan des idées, la native de Toulouse, âgée de 52 ans, défend une ligne sociale-démocrate qui n’hésite pas à marquer sa différence avec les formations plus à gauche comme LFI. Ces dernières années, Carole Delga s’est par ailleurs distinguée par son soutien sans faille au projet d’autoroute A69, cible de nombreuses critiques des mouvements écologistes sur son territoire.

Très présent sur la scène médiatique depuis plusieurs mois, l’eurodéputé Raphaël Glucksmann postule lui aussi au poste de Premier ministre. Âgé de 44 ans, le fils du philosophe André Glucksmann a d’abord embrassé une carrière de journaliste et notamment réalisé plusieurs documentaires dans les années 2000, sur des sujets comme le rôle de la France dans le génocide au Rwanda ou la révolution ukrainienne de 2004-2005.

Après une première tentative d’entrée en politique soldée par une défaite aux législatives de 2017 (avec le parti de divers droite Alternative Libérale), Raphaël Glucksmann occupe pendant trois ans (entre 2009 et 2012) le poste de conseiller spécial auprès du président de la Géorgie, Mikheil Saakachvili. Il rentre ensuite en France et participe en 2018 à la fondation du parti Place Publique, dont la vocation auto-proclamée est d’œuvrer pour un rassemblement à gauche. Tête de liste aux élections européennes de 2019 dans le cadre d’une alliance avec le PS, Raphaël Glucksmann récolte 6,19% des suffrages et entre au parlement de Strasbourg. Cinq ans plus tard, en 2024, il est réélu eurodéputé et sa liste obtient cette fois près de 14% des suffrages exprimés.

La jeune députée du Val-de-Marne (33 ans) ne figure pas parmi les favoris pour devenir le prochain chef du gouvernement, mais elle a incontestablement pris une nouvelle dimension au cours de la campagne pour les élection législatives. Après de hautes études en science politique, Clémence Guetté a intégré en 2016 l’équipe de Jean-Luc Mélenchon pour la campagne présidentielle de 2017.

Au sein de LFI, Clémence Guetté a longtemps été en charge du programme présidentiel, dont elle fut la coordinatrice en chef entre 2019 et 2022. Depuis cette date, la native des Deux-Sèvres est passée sur le devant de la scène en devenant députée de la 2e circonscription du Val-de-Marne. Au terme d’une campagne où elle a multiplié les apparitions percutantes dans les médias, Clémence Guetté a été réélue dès le premier tour.

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