lundi, juillet 1

À deux jours des législatives, même si 83% des électeurs se disent sûrs de leur choix, 17% peuvent encore changer d’avis.
Des électeurs indécis et désorientés par les programmes radicalement différents des uns et des autres.
Notre reporter François-Xavier Ménage est allé à la rencontre de certains d’entre eux entre Nice et les Yvelines.

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Élections législatives 2024

« On ne sait pas du tout, on est perdus dans tout ça ». À l’image de Mathilde, étudiante en droit, et d’Ayrton, électricien, beaucoup d’électeurs rencontrés par notre équipe à Nice (Alpes-Maritimes) ne savent pas à quel parti se fier. Ayrton dit ne se reconnaître dans « aucun d’entre eux« . Les deux jeunes consultent cinq à six fois par jour les sites d’infos, avalés par la politique, mais sont toujours indécis.

Pour Mathilde, 19 ans, il manque un thème de campagne dont elle n’a pas entendu parler jusqu’alors : le vivre ensemble. « Comment on arrivera à vivre ensemble avec tous ces gens qui ne peuvent plus voir les étrangers, les autres qui veulent les accueillir. En fait, ça va créer des tensions et plein de guerres parce que personne ne veut faire la même chose et du coup, on ne va pas savoir quoi faire. Moi-même, mon papa ne vient pas d’ici et pourtant il est Français, il travaille, il est professeur », explique-t-elle. 

« Un problème de déconnexion »

Quel projet de société ? C’est la même interrogation du côté de la Promenade des Anglais, dans un club de gym pour retraités. Toutes parlent d’un climat politique qui entame le moral. Monique a 85 ans, elle a toujours voté, mais pour la première fois, elle est perdue, apeurée par les mots d’Emmanuel Macron sur le risque de « guerre civile ». « Je vois ça de très mauvais augure, mais j’espère qu’on n’en arrivera pas là. Je le souhaite », soupire-t-elle. Malgré les incertitudes, la plupart des participantes disent qu’elles iront voter. Pour qui ? Ça n’est pas toujours tranché. 

Comme l’indique notre journaliste François-Xavier Ménage dans ce reportage, si l’on regarde la dernière élection présidentielle en 2022, 48% des électeurs se disaient alors changeant, c’est-à-dire avec un avis non définitif. Ils semblent l’être encore davantage cette fois-ci. Ainsi, Tony, la cinquantaine, a, lui aussi, toujours voté et se dit, comme les autres, désorienté. Il aimait la politique, les débats, les costumes d’État, mais depuis dix ans, il s’en éloigne petit à petit. 

C’est « un problème de déconnexion », dit-il. « Je pense qu’il y a deux mondes différents entre le monde parisien où vivent nos politiques et la province, où on est livrés à nous-mêmes, moins écoutés », affirme-t-il. Pour autant, il n’est pas en colère : « En tant qu’artisan, on n’a pas le temps ». Tony travaille cinquante heures par semaine, il lui reste deux jours pour trouver un candidat. Il ira bien voter dimanche. 

Ils se disent : de toute façon, qu’on vote d’un côté ou de l’autre, ce sera la même chose.

Françoise Lénard, maire d’Autouillet (Yvelines)

À 900 km de là, nous voici dans une autre terre électorale, cette fois en milieu rural : Autouillet dans les Yvelines. Une commune de 600 habitants où l’on a beaucoup voté pour les Européennes et où il y a beaucoup d’indécis pour ces législatives. Celle qui parle le mieux de ces citoyens tiraillés, c’est la maire Françoise Lénard. Sans étiquette, elle en est à son deuxième mandat et juge très sévèrement la classe politique dans son ensemble. « C’est presque du cinéma pour moi. C’est-à-dire : chacun s’est allié avec des gens qu’ils n’aimaient pas. Ils font des choses pour eux personnellement et non pas pour notre pays. J’ai l’impression que notre pays est oublié », assure-t-elle. 

Dans la commune, on votera dimanche dans la salle du Conseil. Déjà aux Européennes, madame le maire avait observé dans cette pièce des électeurs parfois indécis jusqu’à la dernière seconde. « On voit bien, ils se regardent devant les bulletins. Ça veut dire qu’ils ne savent pas pour qui voter et qu’ils se disent, à mon sens, c’est que je comprends, de toute façon qu’on vote d’un côté ou de l’autre, ce sera la même chose. Donc, ça va mal, ça va continuer d’aller mal », avance-t-elle.  

Françoise Lénard sait pour qui elle va voter. Un choix par défaut, explique-t-elle, mais un choix quand même, dans le secret de l’isoloir. 


V. F | Reportage TF1 : François-Xavier Ménage et Olivier Cresta

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