vendredi, mai 17
Taylor Swift se produit sur scène lors d’un concert, dans le cadre de son Eras World Tour, à Sydney, le 23 février 2024.

Disséquée depuis des mois comme phénomène de société, battant des records de récompenses et de popularité, capable d’influer sur la vie politique américaine ou sur l’économie des villes traversées par sa dernière tournée, « The Eras Tour » − elle fera une halte à guichets fermés, du 9 au 12 mai, à Paris La Défense Arena, puis à Lyon, les 2 et 3 juin, au Groupama Stadium −, Taylor Swift rappelle, très régulièrement, qu’elle est une musicienne.

Fruit d’une productivité plus débordante que jamais, The Tortured Poets Department (seize morceaux, quinze de plus dans sa version The Anthology, disponible en téléchargement), est son onzième album, son cinquième en l’espace de cinq ans – sans compter, dans le même temps, les réenregistrements de quatre de ses précédents opus. Il contraste avec le ramdam médiatique charrié par celle qui dispute à Beyoncé et à Billie Eilish le titre de « reine de la pop ».

Pas ici, en effet, de rouleau compresseur de tubes clinquants, de surenchère de rythmes tape-à-l’œil. A l’instar de Fortnight, premier single et introduction de l’album, ralenti par un synthétiseur épuré, sur lequel se pose la mélancolie embrumée d’un duo avec le rappeur Post Malone, la bande-son est dominée par une délicatesse instrumentale se voulant en phase avec l’authenticité émotionnelle de ce que la star a présenté comme son « disque le plus cathartique ».

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Une évolution plus qu’une révolution esthétique. En effet, après s’être encanaillée du côté des déhanchements urbains (les tubes Shake It Off, Bad Blood, Blank Space…), l’ancienne enfant prodige de la country pop s’est muée en une autrice-compositrice en quête de profondeur et de maturité. Conçus pendant la crise liée au Covid-19, deux albums, Folklore et Evermore, parus en 2020, flirtaient avec l’intimisme de la chanson folk et l’americana dépouillée de la scène indé.

Atmosphères cinématographiques

Une influence qui perdurait dans l’allant plus pop de l’album Midnights (2022), et qui se prolonge ici, sous la houlette des réalisateurs, Aaron Dessner, membre fondateur du groupe de rock The National, et Jack Antonoff, démiurge de Bleachers, qui avaient lancé cette mutation. Leur façon de jouer de la matière électronique, plus tentée ici par les atmosphères cinématographiques que par la danse, plonge nombre de chansons (Down Bad, The Tortured Poets Department, I Can Fix Him [No Really I Can]…) dans une subtile torpeur, souvent marquée par l’intensité mélancolique de Lana Del Rey (dont Jack Antonoff est le fidèle complice). On pense aussi aux synthétiseurs, que Kavinsky avait agencés pour la bande originale du film Drive, ou aux claviers contemplatifs de The Blue Nile, groupe anglais méconnu des années 1980, cité littéralement par la chanteuse dans Guilty as Sin ? (« Drowning in the Blue Nile/ He sent me “Downtown Lights” »).

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