dimanche, mai 19
Taylor Swift à la cérémonie des Grammy Awards, à Los Angeles, le 4 février 2024.

En seize titres, quinze de plus dans sa version téléchargeable, Taylor Swift construit encore un peu plus sa légende. Le 19 avril, la plus célèbre des pop stars américaines a sorti, en pleine tournée mondiale, The Tortured Poets Department, son onzième album studio. Ce nouveau disque écouté plus de trois cents millions de fois sur Spotify en une seule journée – un nouveau record – rappelle le statut d’icône de la chanteuse de 34 ans, récemment devenue milliardaire. Quinze ans plus tôt, Taylor Swift était encore qualifiée de « jeune chanteuse de musique “country pop” » dans un bref article du Monde du 21 décembre 2009, qui recense les thèmes les plus recherchés en ligne par les jeunes Américains cette même année.

Dans les colonnes du journal, la montée en puissance de l’artiste, d’abord devenue célèbre à Nashville, la capitale de la musique country dans le Tennessee, se lit seulement par bribes. En février 2010, une dépêche AFP précise que l’interprète de Fearless a remporté le prix du meilleur album aux Grammy Awards ; la même année, en novembre, dans un long portrait de Kanye West, la journaliste Véronique Mortaigne rappelle comment, un an plus tôt, le rappeur a arraché un micro des mains de Taylor Swift en pleine cérémonie des MTV Video Awards. Le « boss » du hip-hop américain aurait été frustré que Beyoncé ne soit pas récompensée, contrairement à la « blonde chanteuse de country ».

Symbole de sa popularité, Taylor Swift est repérée en 2014, parmi d’autres célébrités, au premier rang du Madison Square Garden, à New York, avant un match de basket. « Les plus jeunes reconnaissent Taylor Swift, qui vient de s’acheter une identité new-yorkaise avec un penthouse à 20 millions de dollars et la promesse de verser les bénéfices de son dernier disque aux écoles publiques de la ville », décrit alors Guillemette Faure.

A la même période, la chanteuse devient celle qui pourrait « sauver l’industrie du disque à elle toute seule ». Dans un court portrait publié dans M Le magazine du Monde, Pierre Jaxel-Truer énumère les chiffres de son succès : 1989, son cinquième album, vendu à plus de un million d’exemplaires en une semaine devient le meilleur démarrage d’un disque depuis douze ans. Et, avec 51 millions de dollars de revenus, Taylor Swift se place deuxième du classement des chanteuses les mieux payées au monde, juste derrière Beyoncé, cette année-là.

La star fait plier Apple

Repérée à 14 ans et devenue célèbre dès 17 ans, la jeune artiste retire ses titres des ­plates-formes de streaming Spotify et Deezer, pour protester contre les très faibles rémunérations des artistes en ligne. L’année suivante, dans cette « bataille du streaming », la star fait même plier Apple. Avant de changer d’avis, le géant américain avait prévu de ne pas payer les artistes pendant les trois mois d’essai gratuit de sa nouvelle plate-forme Apple Music. « La jeune femme se veut aussi la porte-parole de tous les artistes face à l’essor des offres de streaming », raconte Jérôme Marin, depuis San Francisco. Selon Michel Guerrin, dans une chronique de juin 2015 rappelant ce bras de fer commercial, la « sainte Taylor Swift » semble impossible à arrêter. En un tweet, le rockeur Elvis Costello abonde en ce sens : « Taylor Swift, présidente ! »

Il vous reste 48.14% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.

Partager
Exit mobile version