samedi, juin 29

Imposer les ultrariches pour financer la lutte contre les inégalités et le changement climatique. Il y a quelques années encore, la plupart des dirigeants de la planète balayaient une telle idée d’un revers de main. Aujourd’hui, certains s’y penchent sérieusement. A commencer par le Brésil, qui préside le G20 en 2024, et en a fait l’une de ses priorités. « Une taxation minimale de 2 % sur la fortune des 3 000 personnes dont le patrimoine dépasse le milliard de dollars dans le monde rapporterait entre 200 milliards et 250 milliards de dollars [186,7 à 233,5 milliards d’euros] par an », souligne Gabriel Zucman, directeur de l’Observatoire européen de la fiscalité. Fin février, le Brésil a commandé à l’économiste, également professeur à l’université californienne de Berkeley, un rapport sur la mise en place d’une telle mesure.

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Publié mardi 25 juin, en amont des réunions des ministres des finances du G20 des 25 et 26 juillet à Rio de Janeiro, celui-ci pose un constat sans appel : l’impôt sur le revenu acquitté par ces milliardaires ne représente que 0,3 % de leur patrimoine. Cela, parce que l’essentiel de leurs revenus ne provient pas de salaires, mais des entreprises qu’ils détiennent, notamment par le versement des dividendes. Or, ceux-ci sont peu, voire pas imposés, grâce aux diverses techniques d’optimisation qu’ils déploient. « Toutes taxes comprises, les particuliers très fortunés paient moins d’impôts en proportion de leurs revenus que les autres groupes sociaux », souligne le rapport.

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De plus, la richesse de ces 3 000 milliardaires, estimée à 14 400 milliards de dollars par le magazine Forbes, a progressé d’environ 7,1 % par an – hors inflation – entre 1987 et 2024, soit bien plus vite que la richesse moyenne (3 % par an). Un phénomène qui a contribué au creusement des inégalités et à la défiance croissante à l’égard des dirigeants politiques, tout en minant le financement des services publics. « Au-delà des gains de revenus pour les gouvernements, un impôt minimal de 2 % sur les plus riches renforcerait la confiance et de la cohésion sociale », souligne M. Zucman.

Le risque est largement surestimé

Seulement, voilà : comment identifier et mesurer la richesse des milliardaires ? Une moitié réside dans des actions de sociétés cotées sur les marchés, faciles à évaluer. L’affaire est moins simple lorsqu’il s’agit d’actions de sociétés non listées en Bourse. « Pour évaluer leur valeur, les autorités fiscales pourraient se baser sur la valorisation d’entreprises cotées similaires du même secteur », suggère le rapport, notant que le patrimoine détenu sous forme de yachts ou d’œuvres d’art représente, en revanche, une part minime. Et rappelant que de grands progrès ont déjà été réalisés dans la lutte contre l’évasion fiscale depuis que l’échange automatique d’informations bancaires a été instauré dans une centaine de pays, en 2017.

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