vendredi, décembre 27

Une équipe de CNN a pu pénétrer dans une prison secrète du régime syrien.
Elle a découvert un détenu qui se cachait, seul et terrorisé, dans une cellule.
Devant les caméras, cet homme a appris la chute de Bachar al-Assad, et les images ont ensuite fait le tour du monde.

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Syrie : la chute du régime de Bachar al-Assad

« En près de vingt ans de carrière de journaliste, ce fut l’un des moments les plus extraordinaires dont j’ai été témoin. » Clarissa Ward a vécu une scène ahurissante : dans les dédales d’une prison secrète à Damas, cette journaliste de CNN a découvert par hasard un détenu. Livré à lui-même, cet homme en grande détresse ignorait tout de la chute du régime Assad.

Sur les traces d’Austin Tice, un photojournaliste censé être retenu depuis 2012 par les autorités syriennes, cette reporter chevronnée déambule dans les couloirs d’une prison tout juste libérée par les islamistes radicaux . Elle est accompagnée de son équipe et de plusieurs combattants, dont un qui affirme que « toutes les cellules ont été nettoyées ».

Sauf que, en pénétrant dans une pièce, elle aperçoit une masse informe sous une couverture. « Y a-t-il quelqu’un ici ? », mais personne ne répond. « C’est juste une couverture« , entend-on. C’est alors qu’un combattant s’approche pour vérifier et, dès qu’il soulève le drap, un homme apparait. Terrorisé, celui-ci lève les mains. « Je suis un civil », assure-t-il, la journaliste lui répondant en anglais « nous sommes journalistes ».

Visiblement confus et épuisé, le détenu serre longuement la main de Clarissa Ward. Après avoir bu, il reprend ses esprits et assure qu’il s’appelle Adil Hurbal, de la ville de Homs, enfermé ici durant « trois mois« , sans lumière naturelle. L’équipe l’aide à quitter les lieux et, en arrivant à l’extérieur, il s’arrête pour observer le ciel. « De la lumière, mon Dieu, il y a de la lumière ». 

Adil Hurbal raconte alors qu’il s’agit de la « troisième » prison où il est détenu. « Pendant trois mois, je ne savais rien sur ma famille, mes enfants« , ajoute-t-il, précisant que ses geôliers l’ont laissé sans eau ni nourriture depuis « au moins quatre jours« . Fatigué, l’homme, à qui on apporte une chaise, ne parvient même pas à manger. C’est alors qu’il découvre la situation dans son pays : « Il n’y a plus d’armée, plus de prisons, plus de checkpoints », lui explique un combattant. « Vous êtes sérieux ?« , lui répond l’air hagard l’ancien détenu. Ce dernier embrasse alors le soldat. 

Selon son récit, il a été arrêté par les Mukhabarat, le service de renseignement militaire syrien. Ces derniers souhaitaient l’interroger sur le contenu de son téléphone portable. Les hommes du régime lui auraient alors demandé des « noms de terroristes », raison pour laquelle ils l’auraient frappé durant plusieurs semaines. En état de choc, l’homme a été pris en charge par les secouristes du Croissant Rouge. 

L’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH) estimait en 2022 que plus de 100.000 personnes ont péri dans les prisons, notamment sous la torture, depuis 2011.


T.G.

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