mercredi, mai 8

Le jury de la 74e Berlinale, présidé par l’actrice mexicano-kényane Lupita Nyong’o -première personnalité noire à occuper ce poste prestigieux- dévoilera samedi soir son palmarès des Ours d’or avec ses vingt films en compétition.

Les jeux semblent encore très ouverts sur celui qui succédera au documentaire consacré à la psychiatrie « Sur l’Adamant », du Français Nicolas Philibert, sacré l’année précédente.

Parmi les favoris, d’après un sondage réalisé auprès des critiques de cinéma par le magazine britannique Screen, le film iranien « My Favourite Cake » et le drame historique autrichien « The Devil’s Bath ».

Le succès de « My Favourite Cake » prend une dimension toute particulière car les deux réalisateurs, Maryam Moghaddam et Behtash Sanaeeha, ont été empêchés par le régime de Téhéran d’accompagner à Berlin la première mondiale de leur film.

Il raconte l’histoire de Mahin, une veuve de 70 ans qui rencontre dans un restaurant un autre retraité, chauffeur de taxi. Ils se plaisent et passent la nuit chez elle à l’abri des regards indiscrets de la police des mœurs.

– « Lignes rouges » en Iran –

Ce film « franchit tellement de lignes rouges (sur des choses) qui sont interdites en Iran depuis 45 ans », a souligné Maryam Moghaddam, dans un entretien par visioconférence à l’AFP. « C’est l’histoire d’une femme qui vit sa vie, qui veut avoir une vie normale, ce qui est interdit pour les femmes en Iran », a-t-elle ajouté.

Des siècles plus tôt et à des milliers de kilomètres de l’Iran, « The Devil’s Bath » montre la tragédie d’une jeune femme dépressive dans l’Autriche rurale en 1750 qui préfère commettre un meurtre plutôt que de se suicider, afin d’éviter la damnation éternelle.

En confessant ses crimes, il était alors en effet possible d’être pardonné par Dieu avant d’être exécuté, ont expliqué Veronika Franz et Severin Fiala, qui ont réalisé ce film.

Les critiques ont également apprécié le troisième film de la légendaire actrice française Isabelle Huppert avec le favori du cinéma d’art et d’essai sud-coréen Hong Sang-soo, « A Traveller’s Needs » (Les besoins d’une voyageuse).

Tourné avec une caméra vidéo et une réalisation minimaliste, il présente l’histoire d’Iris, une femme d’âge mur qui s’improvise professeure de français en Corée du Sud et boit trop d’alcool.

– Restitutions post-coloniales –

Le documentaire « Dahomey » de la Franco-Sénégalaise Mati Diop, qui raconte la restitution en novembre 2021 au Bénin de 26 œuvres pillées en 1892 par les troupes coloniales françaises, a aussi été remarqué par les critiques.

La réalisatrice, qui a reçu le Grand Prix à Cannes en 2019 pour « Atlantique », la plus haute distinction après la Palme d’Or, aimerait que son film soit « vu dans un maximum de pays africains », « dans les écoles et les universités ».

Parmi les films français en compétition figurent « l’Empire » de Bruno Dumont, une relecture déjantée de « La Guerre des étoiles », ainsi que « Hors du temps » d’Olivier Assayas, mise en abyme autobiographique retraçant le confinement d’un réalisateur et de son frère, isolés à la campagne dans la maison où ils ont grandi.

Réputée pour être plus politique que Cannes et Venise (les deux autres grands festivals de cinéma européens qui se tiennent respectivement en mai et en septembre), la Berlinale remet outre l’Ours d’Or, sept Ours d’argent.

Les deux prix de la meilleure interprétation dans un rôle principal ou secondaire sont non-genrés et remplacent à Berlin ceux du meilleur acteur ou de la meilleure actrice.

Avant les récompenses du soir, le festival a remis samedi l’Ours de cristal de la section Génération 14 plus (enfants et adolescents) au film britannique « Last Swim » sur la rencontre d’une jeune anglo-iranienne avec un footballeur.

D’une durée de onze jours, le festival a ouvert avec la première mondiale d’un drame irlandais Small Things Like These », dont le héros est Cillian Murphy, l’un des favoris dans la course aux Oscars cette année après sa prestation dans « Oppenheimer ».

clp/cm

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