samedi, mai 18
Capture d’écran d’une vidéo de Mathilde Caillard posté sur son compte Instagram @mcdansepourleclimat le 12 avril pour inciter à voter aux élections européennes.

« L’humour, ça rassemble », s’enthousiasme Johan Reboul sur le ton de l’évidence. A première vue, la bonne humeur du créateur de contenus de 24 ans, dont le compte s’intitule « Le jeune engagé », est difficilement compréhensible : les centres d’intérêt de celui qui compte aujourd’hui plus de 120 000 abonnés sur Instagram tournent uniquement autour de l’écologie. « Aujourd’hui, le niveau d’écoanxiété chez les jeunes montre que le sujet est grave », convient-il. Pourtant depuis un an, comme Johan Reboul, une poignée de créateurs de contenus – ou « influenceurs » – ont relevé le défi d’allier en quelques minutes humour et sensibilisation sous la forme de vidéos Instagram et TikTok.

Que ce soit dans les médias ou dans les one-man-show, la question de l’écologie est insuffisamment abordée d’après Swann Périssé, youtubeuse, humoriste et animatrice du podcast « Y’a plus de saisons ». « L’idée de l’humoriste est de trouver des liens qui réunissent les gens. Et ça en fait partie, c’est une menace qui nous guette toutes et tous. »

Alors il reste les réseaux sociaux, « pour faire effraction dans l’espace politico-médiatique, sachant qu’on ne maîtrise pas le cadrage médiatique dominant », d’après Mathilde Caillard – 53 000 abonnés sur Instagram. Pour celle qui est plus connue sous le pseudo « MC danse pour le climat », ancienne assistante parlementaire de la députée La France insoumise Alma Dufour, l’événement déclencheur a été les manifestations contre la réforme des retraites début 2023. La jeune femme de 26 ans avait alors fait le buzz grâce à une vidéo postée par Alternatiba Paris – collectif écologiste dont elle fait partie depuis 2019 – où on la voit danser sur de la musique techno au rythme du slogan « Retraite, climat, même combat ! ».

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Depuis, Mathilde Caillard utilise son corps comme moyen d’expression humoristique et militant. « Je vois le corps comme un outil de revendication politique », confie-t-elle, avant de citer Bayard Rustin, célèbre conseiller de Martin Luther King : « La seule arme que nous avons, c’est nos corps. Il faut les placer aux bons endroits pour empêcher les roues de tourner. »

« Je fais ça surtout pour informer »

Avec son collectif Planète Boum Boum, Mathilde Caillard a sorti une nouvelle vidéo pour lutter contre les per- et polyfluoroalkylées (PFAS), ces « polluants éternels » présents dans les objets du quotidiens… En incarnant un PFAS sur « Toxic », le tube interplanétaire de Britney Spears. « Maintenant, c’est dur de continuer à parler du fond politique sans être taxé de dangereux écoterroriste. Un des pas de côté qu’on peut utiliser pour continuer à porter un message, c’est bien le rire », explique celle qui se définit comme « techno-activiste ». Parce que se faire une place sur les réseaux sociaux exige d’en connaître les codes. « Les usagers vont suivre ces individus parce qu’ils vont se reconnaître en eux », explique la maîtresse de conférence en sciences de l’information et de la communication Stéphanie Lukasik.

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