jeudi, novembre 7

Il est midi et demi et dans le centre très animé de la vieille ville d’Annecy. Sous le soleil frais de ce début d’automne, une jeune femme quitte un immeuble ancien du passage Nemours, un grand cabas sur l’épaule, remplit de produits de ménage en spray. Elle vient de nettoyer une location touristique. « Ici, il y a un Airbnb dans le rez-de-chaussée sur rue et un sur cour, un au premier étage et tout le troisième étage, ce sont des meublés », explique-t-elle, tandis qu’une autre jeune fille se faufile dans l’étroite courette avec un ballot de linge propre pour changer la literie. Sur les huit boîtes aux lettres, seules deux possèdent une étiquette avec un nom. Les autres, entrouvertes, abritent cinq boîtes à clés, caractéristiques des Airbnb.

Dans ce cœur historique de la préfecture de Haute-Savoie, réputé pour ses maisons aux couleurs pastel, ses rues pavées, ses canaux, son accès au lac et sa vue sur les montagnes, la municipalité estime qu’entre 25 % et 30 % des logements sont devenus des meublés de tourisme. « La vieille ville devient un grand hôtel, résume d’une formule François Astorg, maire (divers gauche) d’Annecy, alors qu’on a besoin d’habitat, que la municipalité, les entreprises, les restaurants ont des difficultés à recruter, faute de logements. »

Habitante depuis toujours de ce coin devenu si prisé des instagrameurs, Brigitte Cottet, présidente de l’Association des résidents de la vieille ville d’Annecy, arpente les ruelles en désignant les nouvelles boutiques. « Airbnb alimente les take-away [services de restauration à emporter], la fast fashion, les bars, les restaurants soi-disant traditionnels qui servent du fromage sous plastique », peste-t-elle. Le surtourisme a fait basculer son quartier en moins de dix ans. « C’était un village, truffé de commerces de proximité, on se connaissait tous, des gens de toutes les classes sociales et de toutes origines. C’est devenu un quartier festif où il est impossible de se loger, poursuit-elle. Alors ce texte sur les Airbnb qui vient d’être voté au Parlement est vraiment une loi morale. »

Texte très attendu

Après le Sénat en début de semaine, c’est l’Assemblée nationale qui a adopté définitivement, jeudi 7 novembre, la proposition de loi « visant à renforcer les outils de régulation des meublés de tourisme à l’échelle locale » des députés Annaïg Le Meur (Renaissance, Finistère) et Iñaki Echaniz (Parti socialiste, Pyrénées-Atlantiques). Un texte transpartisan, très attendu par de nombreux élus locaux de droite comme de gauche, soucieux d’endiguer la prolifération des locations saisonnières, dont le nombre est passé de 300 000 en 2016 à 1,2 million aujourd’hui. La loi va fournir aux maires de nouveaux outils de régulation du marché des meublés. Ils pourront notamment mettre en place des quotas de locations saisonnières dans leur commune.

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