samedi, octobre 5

C’est un mouvement lent, progressif, mais toujours plus visible. Deux ans après le début de la guerre en Ukraine, en février 2022, le renforcement militaire du flanc est de l’OTAN est désormais une réalité de plus en plus tangible, des latitudes arctiques de la Finlande aux rives de la mer Noire, en Bulgarie.

Les grandes heures de la guerre froide, où plusieurs centaines de milliers de soldats, notamment américains, étaient massés aux frontières orientales de l’Europe, face aux forces soviétiques, sont encore loin. Plus de 350 000 soldats américains étaient déployés en Europe à cette époque, contre 100 000 aujourd’hui. Mais les renforts de troupes, les constructions de bases militaires et de terrains d’entraînement, ou encore le prépositionnement de systèmes de défense antiaériens donnent déjà lieu à un va-et-vient quotidien le long des 2 500 kilomètres de frontière entre l’Alliance atlantique et la Russie.

Ce renforcement militaire du flanc est de l’OTAN ne date pas d’hier. Il a débuté en 2014, après l’annexion de la Crimée par la Russie. Mais l’accélération du processus a été actée lors du sommet annuel de l’OTAN, à Madrid, en juin 2022, et devrait connaître une nouvelle impulsion avec celui prévu à Washington, du 9 au 11 juillet. Alors que l’Alliance célébrera ses 75 ans, une nouvelle organisation du haut commandement militaire devrait notamment être finalisée, afin de coordonner l’ensemble des forces.



La conviction que la Russie tentera, à terme, de pousser son expansionnisme à l’ouest de l’Ukraine est désormais partagée au sein de l’OTAN. « Pour l’instant, il n’y a pas vraiment de face-à-face avec les Russes. Presque toutes leurs forces terrestres sont mobilisées en Ukraine », explique Joris Van Bladel, spécialiste des affaires militaires russes et associé senior à l’Institut Egmont, l’Institut royal des relations internationales, en Belgique. « Mais dès que Moscou en aura les moyens, possiblement d’ici deux à cinq ans, le temps que son industrie de défense se réorganise, il poussera l’offensive. Ce à quoi l’on assiste actuellement, sur le flanc est, c’est en réalité une course contre la montre », ajoute M. Van Bladel.

Course au réarmement

« Une nouvelle ère a commencé : l’ère de l’avant-guerre. Je n’exagère pas », avait confié, en mars, lors d’une interview, le premier ministre polonais, Donald Tusk. Dans cette course au réarmement, la Pologne est le pays où le processus est le plus significatif. En plus d’un réinvestissement massif dans son outil de défense – 4,1 % de son PIB en 2024, soit un quadruplement des dépenses depuis 2014 –, Varsovie a autorisé le déploiement de troupes de l’OTAN sur pas moins de huit sites sur son territoire. De 2 800 militaires alliés mobilisables par l’OTAN en mars 2018, le pays est passé à un total de 12 000 aujourd’hui, dont une bonne part d’Américains.

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