« Je peux mourir tranquille, du moins tant que Lenny Martinez est maillot rouge. » Installé devant son poste de télévision aux côtés de sa compagne Marie-Noëlle, jeudi, pour suivre la 6ᵉ étape de la Vuelta, Mariano Martinez suivait avec grand intérêt les performances de son petit-fils Lenny. A 20 ans et 51 jours, le grimpeur français est devenu le deuxième plus jeune coureur de l’histoire à mener un Grand Tour, depuis Henri Cornet en 1904, sur le Tour de France. Curieuse coïncidence, le talent de Lenny Martinez s’est exprimé sur la terre de ses ancêtres.
Mariano Martinez, meilleur grimpeur du Tour 1978, est né à Burgos (Espagne) avant d’être naturalisé français en 1963. Marié à Marie-Noëlle Simonin, issue elle aussi d’une famille de cyclistes, il devient, plus qu’un modèle, un tuteur pour le jeune Lenny. « Il venait souvent déjeuner à la maison, à la sortie de l’école. On s’occupait de sa carrière et on discutait de longues heures de vélo. »
Comme son père, Miguel, « rarement à la maison et souvent à l’étranger » pour mener sa carrière de vététiste professionnel (en 2000, il réalise le doublé championnats du monde et Jeux olympiques), Lenny Martinez est envoyé au CC Varennes-Vauzelles, club de cyclisme de la Nièvre.
Avec son frère cadet Andrea, il commence une carrière sur route et en cyclo-cross. « Sa grand-mère est venue me voir pour me pousser à les inscrire, se rappelle Michel Fievet, président du club. Tout jeune, il disait qu’il voulait être coureur professionnel. Il savait où il allait et s’en donnait les moyens. »
Baladé dans sa région natale à bord de la Citroën C3 conduite par « Mamie-No » pour affronter les meilleurs coureurs sur route, Lenny Martinez révèle rapidement des « aptitudes physiques hors norme », détaille son grand-père Mariano, en fin connaisseur. « Alors qu’il n’avait que 12 ans et malgré un physique un peu frêle, je l’ai emmené sur la côte Blanche [près de Garchizy, dans la Nièvre]. Il m’a impressionné et j’ai compris qu’il serait un très grand grimpeur. »
« Il était tout le temps sur un vélo »
Malgré des débuts encourageants, Lenny Martinez est contraint d’arrêter le cyclisme – suite au divorce de ses parents, il emménage dans le Sud, avec sa mère, à Montauroux (Var). A 14 ans, il revient auprès de sa famille paternelle et remonte sur le vélo. Repéré par le comité régional de Bourgogne, le petit gabarit « oriente sa carrière vers la route, qui l’intéresse davantage », selon Michel Fievet. « Dès qu’il y avait une petite bosse, on comprenait qu’il était au-dessus de la mêlée. Il était tout le temps sur un vélo. »
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