Dossier de candidature, sélection des sponsors et désormais organisation des épreuves tests, les affaires de corruption s’enchaînent autour des Jeux olympiques de Tokyo, avec comme figure centrale le géant de la publicité Dentsu. La puissante agence – qui gère par ailleurs la communication du Parti libéral démocrate au pouvoir – fait partie des six groupes et sept particuliers mis en examen, mardi 28 février, pour infraction à la législation sur la concurrence.
Les agences publicitaires Hakuhodo et Tokyu Agency sont également poursuivies, comme les spécialistes de l’événementiel Same Two et Cerespo, et le groupe audiovisuel Fuji Creative. Aux yeux du parquet de Tokyo et de la Commission de la concurrence (Fair Trade Commission, FTC), tous auraient conspiré entre février et juillet 2018 pour se répartir l’organisation de 26 épreuves tests et compétitions des Jeux tenus à l’été 2021 après leur report d’un an à cause de la pandémie de Covid-19. Le préjudice est estimé à 43,7 milliards de yens (environ 300 millions d’euros). Reconnues coupables, les entreprises risquent 500 millions de yens (3,5 millions d’euros) d’amende et les particuliers, cinq ans de prison.
Une autre agence de publicité, ADK Holdings, échappe aux poursuites car elle a été la première à évoquer les faits devant la FTC.
Les mises en examen suivent l’arrestation, le 8 février, de Yasuo Mori, ex-directeur adjoint du bureau des opérations de Tokyo 2020 – le comité d’organisation des JO –, ainsi que de Koji Henmi, ancien de la direction de la division sports de Dentsu, Yoshiji Kamata, de Cerespo, et Masahiko Fujino, de Fuji Creative.
M. Mori aurait justifié le trafic des appels d’offres par la volonté de « s’assurer que tous les projets trouvent preneurs afin d’éviter des perturbations sur les sites de compétition. Les entreprises étaient au courant ». Dentsu a réagi aux mises en examen par un communiqué, expliquant qu’elle « prenait la situation au sérieux et présentait ses sincères excuses à ses partenaires commerciaux, ses actionnaires et toutes les parties concernées ».
« Mépris des valeurs du sport »
Seiko Hashimoto, qui a remplacé en février 2021 Yoshiro Mori à la présidence de Tokyo 2020, a jugé ces annonces « profondément regrettables ». Le porte-parole du gouvernement, Hirokazu Matsuno, y voit un « mépris des valeurs du sport ».
La gouverneure de Tokyo, Yuriko Koike, a indiqué que si la fraude était confirmée, elle exigerait que les entreprises concernées dédommagent la société de liquidation de Tokyo 2020.
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