Paris 2024 : pour des Jeux olympiques vraiment populaires

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Parmi tous les défis – logistiques, sécuritaires, géopolitiques, environnementaux… – que doivent relever les organisateurs des Jeux olympiques et paralympiques de Paris avant même la cérémonie d’ouverture prévue le 26 juillet 2024, l’un semble particulièrement maîtrisable et déterminant : celui d’en faire un immense succès populaire. Le comité d’organisation (Cojop) en a d’ailleurs fait l’un des refrains de sa communication : alors que la capitale française n’a pas accueilli les Jeux depuis cent ans, Paris 2024 doit être un événement « populaire » et « accessible à tous ».

Lire l’enquête : Article réservé à nos abonnés JO 2024 : l’accessibilité pour les personnes en situation de handicap tarde à se mettre en place

Au regard de cet objectif central, les premiers échos concernant la mise en vente des billets d’entrée pour les compétitions apparaissent préoccupants. Tarifs jugés prohibitifs, amateurs de sport frustrés, incompréhension liée à la rigidité des formules proposées : le président du Cojop, Tony Estanguet, a beau assurer que « des dizaines de milliers de personnes sont ravies », le mécontentement du public menace, alors même que les opérations de vente ne font que débuter. De fait, près de 3 millions de personnes se sont inscrites pour le tirage au sort pour une première phase, ouverte du 15 février au 15 mars, au cours de laquelle 3 millions de billets, sur un total de 10 millions, sont mis en vente.

Eviter les stades vides

Les griefs des heureux bénéficiaires du tirage au sort portent d’abord sur le choix limité qui leur est proposé, puisque, deux semaines après l’ouverture de la billetterie, une quinzaine de sports n’étaient plus disponibles. Ils visent surtout le système de « packs » qui oblige à acheter trois billets au minimum et à payer le même nombre de tickets pour chaque sport sélectionné.

Pour une famille, la facture peut atteindre plusieurs milliers d’euros, ce qui conduit nombre de personnes tirées au sort à renoncer. Une comparaison des grilles tarifaires pratiquées lors des précédents Jeux olympiques (JO) avec celle de Paris 2024 montre que cette dernière se situe parmi les plus élevées.

Lire les témoignages : Article réservé à nos abonnés Tirés au sort pour les Jeux olympiques, ils renoncent à acheter des billets trop chers

Aucun système de distribution des billets n’est idéal. Le tirage au sort a le mérite d’éliminer les inégalités liées à l’accès à Internet et à la saturation du système de réservation. Quant aux « packs », ils permettent de répartir les ventes et d’éviter les stades vides. Les organisateurs ont beau jeu de rappeler que 1 million de billets, soit 10 % du total, seront vendus à 24 euros, dans tous les sports et que le prix de la moitié des tickets ne dépasse pas 50 euros.

Mais ils oublient de préciser que la moitié – soit 500 000 – de ces sésames à 24 euros n’est pas directement mise en vente car réservée – et donc financée – par l’Etat et les collectivités territoriales parties prenantes pour être distribuée notamment à des jeunes, à des personnes en situation de handicap et à des bénévoles engagés dans le sport.

Chaque contribuable comprend que l’équilibre budgétaire des Jeux suppose de solides recettes, notamment grâce à la vente des billets au public. Celle-ci doit rapporter un tiers des 4,4 milliards d’euros du budget de l’organisation des JO, lui-même soumis à l’inflation. Pourtant, alors que la majorité des places reste encore à attribuer – 7 millions de tickets seront vendus à l’unité à partir de mai –, les organisateurs doivent mieux expliquer au public leur système complexe de vente. Surtout, tout doit être fait pour donner au maximum de spectateurs, dans toutes les catégories de la population, la chance d’assister à des Jeux dont la diversité et la satisfaction du public feront partie des critères de réussite.

Le Monde

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