Paris 2024 : « Le grand déballage dans les fédérations sportives à huit mois des Jeux olympiques »

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On pensait le sport français en convalescence, mais il est encore malade de sa gouvernance. Depuis plusieurs semaines, chaque audition – ou presque – de la commission d’enquête parlementaire sur les défaillances des fédérations sportives apporte son lot de révélations et de témoignages édifiants. Les députés s’intéressent tout à la fois aux violences sexistes et sexuelles, aux discriminations en tout genre, comme aux questions de corruption. Le spectre est large, et on peut reprocher un manque de fil directeur. Mais la commission a le mérite d’aider à libérer la parole.

Et pour un écosystème habitué à laver (ou pas) son linge sale en famille, c’est le grand déballage : l’athlétisme, la gymnastique ou encore l’escrime ne feraient pas grand-chose pour écarter les prédateurs sexuels ; le patinage artistique, par lequel l’abcès a été crevé grâce au témoignage début 2020 de Sarah Abitbol, serait toujours sous la coupe, en coulisses, du sulfureux Didier Gailhaguet, l’ancien président de la Fédération française des sports de glace ; le kickboxing concentrerait tous les maux, notamment des actes présumés de chantage sexuel, de prostitution ou de trafics d’armes.

Ces quelques exemples ne sont pas isolés dans le sport français et il devient légitime aujourd’hui de se demander quelle instance n’est pas touchée. La ministre des sports et des Jeux olympiques et paralympiques, Amélie Oudéa-Castéra, l’avait pourtant promis : avec elle, les choses allaient changer.

On l’a vue en première ligne au début de l’année, lors des démissions des présidents des fédérations de football, Noël Le Graët, et de rugby, Bernard Laporte. « Ma main ne tremblera pas », promettait fin 2022 « AOC », qui poursuivait alors les travaux engagés par sa prédécesseure au ministère, Roxana Maracineanu.

Manque de volonté

Un an plus tard, rien n’a changé, ou si peu. Le profil des dirigeants sportifs non plus, depuis de nombreuses années : dans l’écrasante majorité, des hommes blancs, d’un certain âge. La loi du 2 mars 2022 visant à démocratiser le sport impose la parité et la limitation des mandats, mais elle ne sera applicable qu’aux prochaines élections fédérales, en 2024.

Certes, il y a des motifs de satisfaction. Les signalements de violences – et donc leur traitement judiciaire – sont en hausse sur la plate-forme gouvernementale Signal-Sports, preuve que la parole se libère. Des efforts sont également entrepris par les fédérations pour prévenir et sanctionner les comportements répréhensibles et accompagner les victimes, fait valoir David Lappartient. Le président du Comité olympique français l’a rappelé dans un courrier au vitriol adressé aux députées Sabrina Sebaihi (Nupes, Hauts-de-Seine) et Béatrice Bellamy (Horizons, Vendée), respectivement rapporteuse et présidente de la commission d’enquête.

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