Paris 2024 : l’argent public doit-il vraiment servir à offrir des places et à assurer la dimension populaire des JO ?

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L’argent des contribuables doit-il servir à acheter des places pour un spectacle sportif ? On peut se poser la question alors qu’a été donné, le 11 mai, le coup d’envoi de la deuxième phase de vente des places pour les Jeux olympiques, et que, pour tenir pour partie la promesse d’un événement « populaire » formulée par Paris 2024 (le Comité d’organisation), l’Etat et les collectivités territoriales vont acheter et distribuer gratuitement un million de places – sur les 13,5 millions proposées pour les Jeux olympiques et paralympiques (JOP).

Ces opérations étaient prévues de longue date. La première phase de vente des billets, close à la mi-mars, leur a conféré une autre portée. Paris 2024 a eu beau faire valoir que 400 000 places à 24 euros pièce ont trouvé preneur, ou que 70 % des 3,25 millions de billets vendus ne dépassaient pas 100 euros, cela n’a pas gommé l’incompréhension vis-à-vis des sommes à débourser, ancrant l’idée de JO inaccessibles pour nombre de personnes. Le début de la deuxième séquence de vente confirme ce sentiment d’exclusion, même si le million et demi de places disponibles s’écoulera sans difficulté.

Pour la ministre des sports et des Jeux olympiques et paralympiques, Amélie Oudéa-Castéra, l’Etat et les collectivités sont « dans leur rôle » en prenant « le relais pour ceux qui n’ont pas les moyens ». Mais est-ce vraiment à la sphère publique de prendre en charge une dimension populaire des JO à laquelle ne répond pas totalement la politique tarifaire de Paris 2024 ? Est-ce aux finances publiques d’assurer l’accès à un spectacle organisé sous l’égide du Comité international olympique, entité brassant des milliards et bénéficiant d’un certain nombre d’exonérations fiscales ?

Les politiques insistent sur la « dimension sociétale »

« Je ne dis pas que l’Etat doit se faire acheteur régulier de billets [de spectacles sportifs], mais, là, oui », considère Mme Oudéa-Castéra, qui fait valoir le caractère exceptionnel des Jeux (la dernière fois en France, c’était en 1924) et la « dimension sociétale » de ces billetteries.

On peut se dire que gouvernement et élus locaux font de la politique et que c’est de bonne guerre – ils disent contribuer à l’« acceptabilité » des Jeux en visant des publics spécifiques (jeunes, bénévoles du mouvement sportif, personnes en situation de handicap…).

On peut trouver que les sommes engagées (11 millions d’euros pour l’Etat, 1 million pour le département de Seine-Saint-Denis, par exemple) ne sont pas si lourdes au regard des budgets de ces acteurs.

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