Luka Mkheidze est habitué à surprendre son monde. Dimanche 7 mai, le Français dispute les championnats du monde de judo (jusqu’au 14 mai) dans la catégorie des moins de 60 kg, à Doha, au Qatar. Et il n’a jamais semblé aussi fort. « Beaucoup croyaient que je n’allais plus revenir après ma rupture des [ligaments] croisés », explique le jeune homme de 26 ans, que cette blessure, contractée en mars 2022, a éloigné des tatamis pendant dix mois.
Mais, depuis sa reprise de la compétition en début d’année, celui qui s’est offert le bronze olympique à Tokyo enchaîne avec une troisième place au Grand Chelem du Portugal, le 27 janvier, puis deux victoires de rang à Tel-Aviv (Israël), le 16 février, et à Antalya (Turquie), le 31 mars – ses premiers succès dans ces tournois internationaux prestigieux. De quoi balayer les doutes et le faire remonter de sept places au classement mondial (10e).
« Je ne voulais pas laisser de hasard, j’ai tout mis en place pour revenir. Je n’avais jamais gagné de Grand Chelem… J’en remporte deux d’affilée. Je n’ai pas d’explication pour ça. Hormis que je me suis entraîné dur. Je n’ai rien lâché », raconte le natif de Tbilissi (Géorgie).
Luka Mkheidze avait déjà fait le coup. A l’été 2021, sur le tapis du mythique Budokan, il avait offert à la délégation française de judo sa première médaille olympique des Jeux de Tokyo. « J’étais 20e mondial. Personne ne s’y attendait. C’était une vraie surprise. Même si mes entraîneurs et moi nous y croyions… »
Quelques mois plus tard, en février 2022, il confirmait sur le tatami du Grand Chelem de Paris avec une nouvelle troisième place. « C’était ma première là-bas, dans l’un des tournois les plus relevés au monde. Cela m’a donné confiance en moi. Tokyo n’était pas l’histoire d’une seule fois. »
« Se donner de nouveaux objectifs »
A l’occasion d’un stage avec l’équipe de France en Mongolie, son destin de sportif a pourtant failli basculer quand, lors d’un randori (combat d’entraînement) son genou flanche. « J’ai rarement vu un pays où les judokas s’entraînent autant. Je n’avais pas l’habitude, se souvient-il. Lors d’une séance où j’étais plus fatigué, moins concentré, mon adversaire m’a fait une prise, j’ai été mis en contrainte et ça a lâché à ce moment-là. »
Un coup dur qu’il a géré avec intelligence, sans se presser. « Une fois blessé, ça ne sert à rien de ressasser. Mais il est important de se donner de nouveaux objectifs : voir le chirurgien, se faire opérer, récupérer de l’amplitude et de la mobilité, détaille-t-il. Toutes ces petites étapes m’ont permis de tenir, car la rééducation d’un genou est longue. »
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