« Pas d’athlètes, [uniquement] des membres du staff ou des entraîneurs. » Interrogé, samedi 6 mai, à la veille de l’ouverture des Mondiaux à Doha, au Qatar, Vlad Marinescu, le directeur général de la Fédération internationale de judo (FIJ), a fait savoir qu’aucun sportif ne figurait parmi les huit membres de la délégation proposée par la Russie retoqués faute de satisfaire aux critères de neutralité.
Contrairement à l’année dernière, cette édition des championnats du monde (du 7 au 13 mai) se déroule en effet en présence de Russes et de Biélorusses. La FIJ avait donné son accord à leur réintégration – à la condition qu’ils concourent individuellement et sous bannière neutre, en vertu des recommandations du Comité international olympique (CIO). Le comité exécutif de la FIJ a voté ce retour à l’unanimité, a précisé M. Marinescu.
Seuls les sportifs employés au centre sportif fédéral d’entraînement ainsi que ceux pour lesquels aucune information n’a été identifiée suggérant un soutien ou des opinions sur l’invasion de l’Ukraine ont été autorisés à prendre part à la compétition, insiste la FIJ.
A la suite d’un examen indépendant, huit membres de la délégation proposée par la Russie avaient ainsi été retoqués : « Des personnes qui, selon les conclusions du rapport, avaient des liens avec les dirigeants du pays », a expliqué Vlad Marinescu.
Mais, pour les judokas, « le rapport a conclu qu’il n’y avait aucune trace de propagande pro-guerre sur aucun de leurs réseaux sociaux ». Et d’ajouter : « Nous avons reçu des certificats de travail montrant que, depuis 2020, tous sont employés au centre sportif fédéral. »
La FIJ a précisé avoir commencé à « prendre des mesures » dès les recommandations du CIO émises, « en raison de la proximité des championnats du monde » : « N’oublions pas que nous nous rapprochons des Jeux olympiques de Paris et que les qualifications ont déjà commencé. Il est injuste que de nombreux athlètes n’aient pas pu se qualifier », a insisté son directeur.
Médaillés aux championnats du monde militaires
Lundi 1er mai, la Fédération de judo ukrainienne avait annoncé le boycott de sa délégation, en accord avec le décret publié par l’autorité ukrainienne, début avril, interdisant à ses athlètes de disputer des compétitions où prennent part des Russes ou des Biélorusses. Elle soutenait, en outre, que plusieurs judokas russes étaient des « militaires en activité », ce qui « contredit les dernières recommandations du Comité international olympique ».
De fait, s’il est impossible de confirmer une affiliation actuelle – certains liens Internet pouvant en attester étant désormais inactifs –, plusieurs combattants du pays ont déjà pris part à des tournois militaires. Parmi eux, Tamerlan Bashaev, vice-champion du monde 2021 des + 100 kilos et tombeur du Français Teddy Riner en quarts de finale des Jeux olympiques de Tokyo, a obtenu une médaille d’argent aux championnats du monde militaires, en 2018.
Niyaz Ilyasov, en bronze au Japon (- 100 kilos), y a glané trois récompenses : le titre mondial en 2016, le bronze aux Jeux militaires de 2019 et aux Mondiaux de 2021. Ou encore Aleksandra Babintseva (- 78 kilos), elle, qui s’est par trois fois parée d’or aux championnats du monde militaires, en 2016, en 2018 et en 2021.
Samedi, Vlad Marinescu a dit « regretter » l’absence des judokas ukrainiens à la compétition : « Il est très dommage que les Ukrainiens ne puissent pas être ici. Je suis sûr que les athlètes auraient aimé être présents », a-t-il fait valoir.