On pouvait certes craindre que la fin de l’ère Jean-Michel Aulas, 74 ans, à l’Olympique lyonnais (OL) – trente-sept ans – soit compliquée, mais pas vraiment qu’elle tourne à la transmission impossible pour le nouveau propriétaire John Textor. Ni que l’OL pointerait à la 16e place de la Ligue 1 après cinq journées sans victoire, son entraîneur Laurent Blanc limogé dès la quatrième.
Non seulement la nouvelle direction n’a pas entamé la sortie de la crise sportive qui mine le club depuis de nombreuses années, mais elle doit gérer la crise institutionnelle engendrée par le conflit entre les deux présidents. Evincé en mai, l’ancien a obtenu à la fin d’août le gel de 14,5 millions d’euros sur les comptes de l’OL Groupe, réclamant le rachat de ses parts prévu lors de la vente. Il a aussi annoncé une plainte pour diffamation contre le nouveau, qui l’a accusé d’avoir caché la véritable situation économique du club.
Le contentieux a perturbé le mercato lyonnais : la volonté des nouveaux dirigeants de conserver les meilleurs jeunes a été compromise par les engagements pris par leur prédécesseur auprès de la direction nationale du contrôle de gestion. Ils ont ainsi dû céder Bradley Barcola (Paris Saint-Germain) et Castello Lukeba (Leipzig), après Malo Gusto, qui a été transféré en janvier à Chelsea.
En péril à un mauvais moment
En matière de timing, Textor n’a pas fait mieux qu’Aulas en se séparant si tard d’un entraîneur qui n’avait pas sa confiance. Les supporteurs lyonnais peuvent autant déplorer les atermoiements du premier que le pouvoir de nuisance du second. C’est pourtant aux joueurs que les « ultras » du virage nord ont infligé un sermon au mégaphone, après leur défaite contre le PSG, le 3 septembre.
Assurer la transition de l’après-Aulas était une gageure qui excluait de l’entamer aussi mal sur le terrain. Si l’OL échange une gouvernance malade contre une gouvernance qui improvise, il se met en péril à un mauvais moment.
Il passe en tout cas douloureusement de la modernité économique longtemps incarnée par Jean-Michel Aulas à la postmodernité des clubs en multipropriété. John Textor est, en effet, actionnaire majoritaire de Botafogo (Brésil), minoritaire du RWD Molenbeek (Belgique) et de Crystal Palace (Angleterre), ce qui assure a priori à l’OL d’être la tête de pont de ce groupe.
Au-delà du choc des cultures entre la gestion paternaliste de l’omniprésident Aulas, devenue obsolète, et les objectifs de l’investisseur états-unien, la question se pose de savoir quel devrait être l’OL de demain. Quelle place pourrait-il occuper dans le football français et européen, alors qu’il est tombé loin du gotha continental qu’il visait dans les années 2000, qu’il n’a remporté aucun titre depuis 2012 et connaît une quatrième saison sans Ligue des champions ?
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