L’État s’apprête à lancer la semaine prochaine deux appels à candidatures dont le résultat définira l’avenir du Stade de France, le contrat de concession actuel prenant fin en juillet 2025 a fait savoir, vendredi 3 mars, l’entourage de la ministre des sports et des Jeux olympiques et paralympiques (JOP). L’un de ces appels s’adresse à des acheteurs potentiels de l’enceinte de Saint-Denis (Seine-Saint-Denis), l’autre aux entreprises intéressées par une concession pour l’exploitation de ce stade, qui accueille manifestations sportives et culturelles depuis 25 ans.
Depuis 1995, c’est un consortium constitué des deux géants du BTP français Vinci et Bouygues (respectivement pour deux tiers et un tiers), constructeurs du stade, qui exploite l’enceinte pouvant accueillir 80 000 personnes, qui avait été créée pour la Coupe du Monde de football 1998.
Qu’il s’agisse d’un rachat ou d’une concession, les candidatures pourraient être identifiées « d’ici fin avril » avec un « rendu des premières offres à l’automne ». Le processus continuera tout au long de l’année 2024, année qui verra le Stade de France installer une nouvelle piste d’athlétisme en vue des JO de Paris à l’été. Le nouveau propriétaire ou concessionnaire ne sera vraisemblablement pas connu avant 2025.
L’idée est de « conserver la vocation sportive de l’équipement » et dans le même temps « préserver les intérêts économiques et financiers de l’État », a fait savoir l’entourage de la ministre des sports et des JOP, Amélie Oudéa-Castéra. « L’État ne bradera rien de cet équipement », prévient-on de même source.
Il y a quelques semaines, plusieurs sources proches de l’exécutif avaient indiqué que l’hypothèse d’une vente reste « faible ».
L’État, propriétaire du stade, une rareté dans le monde du sport, réfléchit à l’avenir du Stade de France depuis plusieurs années avec l’idée en arrière-plan que le modèle choisi lui coûte moins cher. En 2018, l’ancien premier ministre Edouard Philippe n’avait pas exclu une cession et promettait de « statuer sur les grands principes du dispositif d’ici fin 2019 ». Depuis plusieurs rapports et études ont été publiées et rien n’a bougé. Selon une source proche du dossier, il vaudrait entre « 400 et 600 millions d’euros ».
A l’automne 2022, le président du PSG, Nasser Al-Khelaïfi, engagé dans des discussions difficiles avec la ville de Paris qui ne veut pas lui vendre le Parc des Princes, avait évoqué un possible rachat de l’enceinte de Saint-Denis. Mais ce scénario laisse incrédule beaucoup de monde.
La Fédération internationale de football (FIFA) fera-t-elle partie des acquéreurs potentiels ? Selon les informations de L’Equipe, le président de la FIFA, Gianni Infantino, l’envisagerait. Contactée par Le Monde, la FIFA a toutefois « démenti fermement cette information » sans donner davantage de précision.
Pour l’instant, le consortium qui gère le Stade de France, n’a pas dévoilé ses intentions. « L’État a pris du retard, il ne peut pas faire les procédures une après l’autre avant la fin de la concession actuelle alors il lance les deux en même temps », décrypte une source proche du dossier à l’AFP.
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Jouer
Dans un rapport sur les Jeux olympiques et paralympiques, publié en janvier, la Cour des comptes s’était émue que l’affaire traîne. Devant l’hypothèse d’un appel d’offres au printemps 2023, elle jugeait que « ce calendrier est le plus défavorable pour l’État qui, comme en 1995, va se retrouver sous la pression tant des candidats que des fédérations sportives ».
Les Fédérations françaises de football et de rugby (FFF et FFR), qui y jouent un certain nombre de matches, ont été informées du lancement du processus et devraient être plus associées, selon plusieurs sources.
Selon un rapport d’information de la commission des finances du Sénat de 2019, « le coût du stade pour les comptes publics depuis 1995 excédera un milliard d’euros après les Jeux olympiques et paralympiques de 2024 ».
La facture liée aux JOP sera même un peu plus forte que prévu : si, initialement, le Comité d’organisation des Jeux (Cojop) devait disposer de l’enceinte du 15 mars au 20 septembre 2024, pour une mise à disposition non exclusive dans un premier temps (15 mars au 1er juin), puis exclusive dans un deuxième temps (1er juin au 20 septembre), le Stade de France sera finalement indisponible à compter du 1er décembre 2023. Ce qui signifie qu’il n’y aura pas de matchs de football et de rugby ou de concerts dans l’enceinte jusqu’en septembre 2024. Pour compenser l’arrêt des activités, la facture – « chiffrée en dizaines de millions d’euros » selon la Cour des comptes – devrait se partager entre l’État et le Cojop.