Sa carrière s’entremêle avec l’histoire de son sport. Ancien président des fédérations française (FFR) et internationale de rugby, Bernard Lapasset est mort, mardi 2 mai, à l’âge de 75 ans, des suites d’une longue maladie. Ce n’est pas sur les terrains que Bernard Lapasset aura le plus marqué le rugby. Né à Tarbes le 20 octobre 1947, l’ancien deuxième ligne a fait ses classes à Bègles (Gironde), puis à Agen, au gré des mutations de son père, douanier. Sous les couleurs du club local, le SU Agen, il remporte, en 1967, le championnat de France junior.
Ayant fait carrière dans l’administration des douanes – il joua au sein de l’US Douane Paris –, il gravit progressivement les échelons du rugby, multipliant les casquettes de président. De clubs, d’abord. Puis du Comité Ile-de-France. En 1991, de manière inattendue, Bernard Lapasset, alors secrétaire général de la FFR, accède à la présidence de l’instance, au terme d’une élection ayant mis en exergue les divisions de l’Ovalie tricolore.
L’ancien joueur, âgé de 43 ans, succède à l’historique Albert Ferrasse. Il demeurera en place jusqu’en 2008, année où il franchit le palier ultime en prenant la tête de l’International Rugby Board (IRB, aujourd’hui World Rugby), la fédération internationale.
En retrait, derrière Mandela
Vingt-quatre ans durant (seize à la FFR et huit à l’IRB), celui qui aimait endosser les responsabilités a frayé dans les plus hautes sphères du rugby. C’est lui qui entreprit l’installation de la FFR dans une « grande maison d’Ovalie », devenue, en 2001, le Centre national du rugby de Marcoussis (Essonne), et s’évertua à élargir la sphère d’influence de son sport en France, longtemps cantonné à un large Sud-Ouest.
C’est également lui, qui, assumant alors la présidence tournante de l’IRB (en 1995 et 1996), a tendu le trophée de la Coupe du monde à Nelson Mandela, en juin 1995, avant que le président sud-africain revêtu du très symbolique maillot des Springboks le remette au capitaine de l’équipe nationale, François Pienaar. Un geste incarnant la réconciliation de la Nation arc-en-ciel.
« Le protocole voulait que je remette le trophée au capitaine vainqueur de la compétition, relatait Bernard Lapasset, en 2013. Mais quand je me suis retrouvé sur le podium avec ce trophée entre les mains, la décision m’est venue tout de suite. Il fallait donner la coupe du monde à Nelson Mandela et lui-même devait la remettre à son capitaine. Ce n’était pas possible autrement. » Sur la photo entrée dans les livres d’histoire, sa main apparaît, en retrait, derrière Mandela.
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