La parité femmes-hommes aux JO ne peut faire oublier la lente féminisation de la pratique sportive

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Il y a cette parité absolue. Aussi historique que tardive. Et il y a ce déséquilibre. Persistant. Si la France s’enorgueillit d’organiser, à l’été 2024, des Jeux olympiques et paralympiques, qui, pour la première fois depuis cent vingt-huit ans, réuniront autant d’athlètes femmes que d’athlètes hommes, elle doit composer avec une réalité : dans la pratique sportive de tous les jours, on est loin de ce 50-50.

En 2021, 37,8 % des 14,4 millions de licenciés dans un club étaient des femmes. C’était même 33 % en moyenne au sein des fédérations olympiques et 28 % pour les sports non olympiques (les fédérations multisports affichent des proportions plus équilibrées). De quoi « s’inquiéter », selon la sociologue du sport Béatrice Barbusse. « La pratique féminine n’arrive pas à décoller », ajoute celle qui est aussi vice-présidente déléguée de la fédération de handball.

Amélie Oudéa-Castéra dit quasiment la même chose : « On doit agir pour que le changement soit plus rapide et plus profond », a déclaré la ministre des sports et des Jeux olympiques et paralympiques lors d’Etats généraux du sport féminin, organisés en janvier par la ville de Bourges, la Fondation Alice Milliat et le magazine Les Sportives. Pour « redonner un élan », elle réunira, le 6 mars, fédérations, sportives, médias…

Un air de déjà-vu ? En 1999, Marie-George Buffet, ministre de la jeunesse et des sports, lors d’assises nationales « Femmes et sport », promettait « d’imprimer [dans le sport] une avancée à la mesure de la place que les femmes ont acquise dans la société ». En 2011, Michèle André (Parti socialiste), au nom de la délégation aux droits des femmes du Sénat, appelait à enclencher une « politique volontaire » afin d’« élargir et améliorer l’accès des femmes aux activités physiques et sportives ». « Marie-George Buffet, ce n’était pas que du discours, mais le contexte ne se prêtait pas à ce que cela prenne de l’ampleur », relève Mme Barbusse, rappelant que l’obligation faite, en 2013, aux fédérations de présenter un plan de féminisation n’a débouché « sur rien ». « Et ce n’est plus obligatoire depuis 2017 », poursuit-elle, reconnaissant néanmoins « des progrès ».

Une progression qui reste lente

« Il y a eu une accession progressive des femmes à la pratique sportive », confirme Alain Tourdjman, directeur des études et prospective du Groupe BPCE, qui cite un nombre de licenciées en hausse de 12 % entre 2012 et 2019 – avant un recul de 22 % entre 2019 et 2021 en raison du Covid-19.

Ces chiffres ne disent pas tout. Car la pratique hors cadre fédéral s’est développée, sous forme libre dans l’espace public, ou dans des structures privées (les salles de fitness par exemple). Elle n’est toutefois pas quantifiée.

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