Une annonce était initialement attendue à l’été. Or, en ce début septembre, personne ne peut dire si des athlètes russes et biélorusses participeront – sous un régime strict de neutralité – aux Jeux olympiques (JO) de Paris, du 26 juillet au 11 août 2024. Ni la Russie ni la Biélorussie, impliquées dans l’agression de l’Ukraine, ne figurent parmi les 203 nations officiellement invitées par le Comité international olympique (CIO). Cela ne préjuge pas de l’absence de leurs ressortissants dans la capitale française l’an prochain. Le CIO statuera sur ce dossier « à sa seule discrétion et sans être lié par les résultats des épreuves de qualification olympique ». La date butoir ? « Avant les Jeux », a seulement répondu son président, Thomas Bach, le 18 juillet.
Ce flou persistant charrie nombre d’hypothèses. Si l’instance installée à Lausanne (Suisse) renonçait à une exclusion totale des sportifs « détenteurs d’un passeport russe ou biélorusse », la présence de ces derniers serait tout de même limitée. Les équipes sont d’ores et déjà bannies. Quant aux individus, leur participation dépend in fine du bon vouloir des fédérations internationales, seules habilitées à se prononcer sur les critères d’éligibilité à leurs épreuves. Or, depuis que le CIO a recommandé, fin mars, de réintégrer Russes et Biélorusses en compétition, c’est la cacophonie : tandis que plusieurs fédérations ont répondu favorablement, d’autres s’y refusent toujours – au premier rang desquelles l’athlétisme, le sport roi des JO.
Cette situation n’est pas inédite : en 2016, les fédérations internationales avaient déjà dû statuer sur la présence de sportifs russes aux Jeux de Rio de Janeiro, au Brésil. A quelques semaines de la cérémonie d’ouverture, le juriste canadien Richard McLaren, mandaté par l’Agence mondiale antidopage, avait publié un rapport accablant, montrant l’existence d’un système de dopage organisé par l’Etat russe, avec le soutien actif des services secrets, dans la « grande majorité » des disciplines olympiques.
« Approche claire, forte et harmonisée »
Le CIO n’avait pas prononcé une exclusion totale de la Russie, en dépit des préconisations de l’Agence mondiale antidopage , pour laquelle une telle mesure « aurait assuré une approche claire, forte et harmonisée ». A la place, il avait laissé le soin aux fédérations internationales de repêcher, au cas par cas, les athlètes jugés « propres » au regard d’une série de critères. Aucun participant n’avait été écarté en judo, escrime, boxe ou gymnastique, terrains d’influence de la Russie dans le sport mondial. A l’inverse, parmi les 68 sportifs retenus en athlétisme, seule la sauteuse en longueur Darya Klishina avait été autorisée à prendre part à la compétition, mais sous bannière neutre. Au total, 279 Russes, sur les 389 initialement prévus, avaient concouru.
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