« Ouvrir plus grand les Jeux ». C’est l’appel que lance à l’Etat le député Stéphane Mazars (Renaissance), détournant au passage le slogan officiel « Ouvrons grand les Jeux » des organisateurs des Jeux olympiques et paralympiques de Paris 2024 (JOP). Il invite ainsi les pouvoirs publics, « au vu des tarifs élevés affichés par la billetterie », à faire « un effort supplémentaire » sur l’acquisition de billets pour l’événement de l’été 2024.
« La réussite des Jeux olympiques et paralympiques suppose un fort engouement populaire » et la mise en place d’« une billetterie populaire » en est l’un des éléments souligne M. Mazars dans son rapport pour avis, rédigé au nom de la commission des affaires culturelles et de l’éducation de l’Assemblée nationale, sur le projet de loi relatif aux Jeux olympiques et paralympiques et portant diverses autres dispositions.
L’Etat s’est engagé à ce stade à acheter 400 000 billets, moyennant un engagement financier de 11 millions d’euros – sans détailler le partage entre billets pour les Jeux olympiques et billets pour les Jeux paralympiques. Ces places seront distribuées aux jeunes et aux scolaires, en priorité à ceux de moins de 16 ans, aux personnes en situation de handicap et à leurs aidants, aux fonctionnaires de l’État et des collectivités territoriales qui aident à la préparation des JOP, ainsi qu’à des bénévoles.
Outre ces billets que doit acquérir l’Etat auprès du Comité d’organisation des Jeux (Cojop), ce dernier a également réservé 600 000 billets à l’achat par les collectivités territoriales hôtes des Jeux. Il finance par ailleurs la fourniture de 100 000 billets à destination de publics défavorisés, à travers les collectivités impliquées notamment.
La mairie de Paris également invitée à acheter plus de places
L’interpellation du gouvernement par M. Mazars survient alors que, à 500 jours de l’ouverture des Jeux, la première phase de vente de billets au grand public, achevée à la mi-mars, a provoqué frustrations et critiques, en raison de la complexité du système (tirage au sort, vente par packs, rigidité dans les combinaisons de sessions) et, surtout, du niveau des sommes dont s’acquitter.
A l’issue de cette première phase, 3,25 millions de billets ont malgré tout été vendus. Et le Cojop, qui veut faire de Paris 2024 des JO « accessibles » et « populaires », fait valoir que 400 000 places à 24 euros (sur un million au total à ce tarif, dont 700 000 à destination du grand public) ont trouvé preneur, 70 % des places vendues ne dépassant pas 100 euros.
Acheter plus de billets, compte tenu des tarifs jugés excessifs, c’est aussi la demande faite à Paris par les alliés écologistes et communistes de la maire Anne Hidalgo (Parti socialiste, PS). Ils l’ont interpellée en ce sens, jeudi 16 mars. Alors que la ville doit acquérir 50 000 billets, « ce n’est pas suffisant, nous en demandons beaucoup plus », a déclaré l’élu communiste Nicolas Bonnet-Oulaldj, appelant Mme Hidalgo à « intervenir » auprès du Cojop afin qu’il « revoie sa billetterie et donne des billets gratuits aux Parisiens ».
« Je ne vais pas défendre la stratégie du Cojop, nous n’y avons pas été associés », leur a répondu l’adjoint aux sports et aux JOP, Pierre Rabadan, reconnaissant une première phase de vente « pour partie déceptive ». « La maire de Paris a fait la demande » de billets supplémentaires, « mais c’est difficile parce qu’il y a un équilibre économique que nous demandons au Cojop », a-t-il ajouté.
La billetterie est un élément essentiel dans le budget du Cojop, puisqu’elle en représente un tiers, c’est-à-dire autant que la contribution versée par le Comité international olympique et que les accords de sponsoring. Les organisateurs escomptent 1,24 milliard d’euros de revenus sur ce poste (hors « hospitalités », soit la vente de billets couplés avec d’autres prestations). La Cour des comptes a toutefois émis des réserves au début de janvier sur la « certitude » pour le Cojop d’atteindre un tel montant de recettes.
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