Le 16 mai, le nouveau gouvernement polynésien, nommé la veille, rendait visite à des habitants touchés par une inondation à Teahupo’o, où est prévue l’épreuve de surf des Jeux olympiques à l’été 2024, sur l’une des vagues les plus puissantes au monde. A cette occasion, la nouvelle ministre de la jeunesse et des sports polynésienne, Nahema Temarii, avait déclaré qu’elle envisageait la possibilité de « révoquer cet engagement ». La ministre du logement et de la solidarité polynésienne, Minarii Galenon, avait ajouté : « On peut très bien annuler ces Jeux olympiques, mais on aura de très grosses sommes à payer. »
Dès vendredi 19 mai, le nouveau président polynésien, Moetai Brotherson, a toutefois tenu à préciser que « l’option de ne pas faire les Jeux, elle est très contraignante, et je pense que ce n’est pas celle que nous retiendrons, ce n’est pas l’esprit qui m’anime ». « Je tiens absolument à ce que ces Jeux se déroulent chez nous parce que c’est ici que le surf est né, pas ailleurs », a-t-il ajouté, devant la presse, à Papeete.
« Il y a des discussions à avoir avec l’Etat sur la convention qui a été passée par le gouvernement précédent, il y a un collectif budgétaire qui approche, où on va devoir matérialiser les engagements. Cela va faire partie des discussions qu’on va avoir avec l’Etat, mais le but, c’est bien que les Jeux se déroulent ici », a-t-il affirmé. Elu président le 12 mai, cet indépendantiste s’est souvent opposé à son prédécesseur autonomiste, mais pas sur l’organisation des Jeux.
Pour Barbara Martins-Nio, responsable du site de Tahiti pour le Comité d’organisation des Jeux olympiques et paralympiques (Cojop), les déclarations de la ministre des sports constituaient avant tout « un positionnement politique : il fallait marquer son territoire, et ça a été fait de manière un peu brutale ».
« J’ai rappelé les conventions déjà signées : l’Etat, Paris-2024 et le pays [la Polynésie française] ont des engagements. Le pays peut réduire la voilure, en modifiant les responsabilités au sein des engagements déjà pris : il y a des évolutions possibles par rapport à ceux de l’ancien gouvernement », a précisé, vendredi, Mme Martins-Nio. Mais un retrait de la candidature ne lui paraît pas envisageable.
Les crues, suivies de phénomènes rares, font douter la population
Pour certains habitants de Teahupo’o, le chantier de la nouvelle passerelle prévue pour les Jeux olympiques a contribué aux inondations qui, début mai, ont dévasté une cinquantaine de maisons et ont emporté en mer une dizaine de voitures. « Le niveau de l’eau était haut, mais les palissades ont aggravé le problème en détournant l’eau des crues, qui a provoqué un torrent devant nos maisons », déplore Kiki Plantier, une retraitée de 65 ans qui a perdu tout son électroménager dans l’inondation.
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