Depuis qu’il a pris, voici deux ans, la présidence de Lyon-La Duchère, emblématique club de football du 9e arrondissement de Lyon, Jean-Christophe Vincent, 53 ans, déploie une inépuisable énergie. Le club aux 600 licenciés, dont 550 enfants et adolescents, compte 75 projets sociaux en cours, qui vont de l’organisation de cours de soutien scolaire à la détection de violences de toute nature, grâce à un encadrement formé, en lien avec les services de la métropole et de l’Etat.
Depuis la création du pôle de prévention des violences sexuelles et intrafamiliales, en partenariat avec l’association L’Enfant bleu, le club de foot a ainsi réussi à détecter quarante situations problématiques dans des familles de ses licenciés. Dix d’entre elles ont été suivies par les services sociaux, et trois ont fait l’objet de signalements à la justice, avec des mesures de sauvegarde à la clé. « Nous avons sorti ces enfants de situations dangereuses simplement parce que nous avons créé les conditions de l’écoute et d’un accompagnement adapté. Dans le monde du sport, la prise de conscience est encore loin de la réalité des risques qui entourent les enfants. Lutter contre les violences cachées, c’est notre devoir », soutient Jean-Christophe Vincent, à vif sur ce sujet sensible.
Il organise aussi des stages mêlant sport et activités scolaires avant la rentrée, met en place un système de tutorat d’étudiants de l’école de commerce EM Lyon, en faveur d’une vingtaine d’adolescents, et mène une campagne de sensibilisation sur la précarité menstruelle, avec des formations pour les éducateurs sur le sujet et des interventions de professionnels auprès des jeunes. « Un club sportif amateur est là pour animer et structurer un territoire. Il vit avec son quartier, avec les familles des enfants qui lui sont confiés », résume Jean-Christophe Vincent.
« Ce qu’on fait est politique »
Jamais avare d’une remarque acerbe sur « la passivité de certains élus » ou « les technocrates hors-sol » des instances supérieures du sport, le président de Lyon-La Duchère, à qui on prête parfois des velléités électorales, a l’habitude de dire : « Je fais de la politique au quotidien ; ce qu’on fait est politique. »
Le monde politique, il connaît. Au moment où il réalisait sa thèse au Centre Pierre-Léon d’histoire économique et sociale, Jean-Christophe Vincent a répondu à une offre d’emploi de la fédération départementale du Parti socialiste (PS). Préféré alors à Olivier Dussopt, actuel ministre du travail, dans le dernier carré des candidats, le Lyonnais a occupé le poste de directeur de cabinet de Sylvie Guillaume, secrétaire fédérale du Rhône, devenue depuis députée européenne. Puis il a enchaîné comme secrétaire général du groupe PS à la région Rhône-Alpes durant huit ans. L’effondrement du courant strauss-kahnien l’a poussé à démissionner. Après neuf ans au service du groupe de travaux publics Serfim, Jean-Christophe Vincent a intégré le groupe 6e Sens Immobilier, dont il est directeur général adjoint, chargé de la stratégie et des relations publiques, aussi sponsor majeur du club Lyon-La Duchère. Ce qui a incité l’ancien président du club Mohamed Tria à lui confier les relations extérieures du club, notamment avec les élus, avant de lui passer le témoin.
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