Homophobie : « Une partie des instances du football français n’a pas envie de prendre le problème à bras-le-corps »

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Ancien espoir du centre de formation du Toulouse Football Club (TFC), le Français d’origine tunisienne Ouissem Belgacem racontait, en 2021, dans Adieu ma honte (Fayard) son « chaos intérieur », comment son homosexualité – cachée pendant vingt ans – l’a privé d’une carrière professionnelle. Deux ans plus tard, il prolonge ce récit dans une série documentaire éponyme qu’il incarne et QUI sera diffusée début juin sur Canal+.

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Que se serait-il passé si Ouissem Belgacem avait révélé son homosexualité à l’époque où il était au centre de formation toulousain ? « Plus personne ne lui aurait parlé (…), c’est certain », assure, dans la série documentaire, Etienne Capoue, son ancien camarade du TFC, devenu international français.

Pour changer les mentalités, Ouissem Belgacem, 35 ans, s’emploie aujourd’hui – bénévolement – à sensibiliser les joueurs des centres de formation quand il y est invité par des clubs. Mais la lutte contre l’homophobie dans le football reste un combat difficile à porter. « Parfois, j’ai l’impression d’être seul devant une montagne », assure-t-il au Monde en désignant les instances du football français.

Pour rappel, alors qu’à l’étranger de très rares joueurs ont fait leur coming out, comme l’Australien Josh Cavallo ou du Tchèque Jakub Jankto, en France, aucun joueur de Ligue 1 ou Ligue 2 en activité n’a encore jamais révélé son homosexualité.

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Une poignée de joueurs de Ligue 1 et de Ligue 2 ont refusé de porter les maillots au flocage arc-en-ciel le week-end du 13 et 14 mai. Quelle leçon tirez-vous de l’initiative annuelle de la Ligue de football professionnel (LFP) liée à la Journée mondiale contre l’homophobie ?

La leçon, c’est que cette initiative ne fonctionne pas… Quand bien même tous les joueurs porteraient ce maillot. Si on le faisait sur la base du volontariat, on pourrait au moins voir ceux qui soutiennent la lutte contre l’homophobie. Là, je ne vois aucun post sur les réseaux sociaux de joueur qui dirait : « Je suis hyper fier d’avoir participé à cette action. » Les joueurs le font parce qu’ils doivent le faire, mais est-ce qu’au fond d’eux, ils y croient vraiment ?

Ce n’est pas parce qu’on arbore le drapeau arc-en-ciel une fois par an sur les terrains de foot, à tout-va, que les gens vont soudainement se réveiller moins homophobes. Pour lutter contre l’homophobie, il faut éduquer : prendre le temps de former et répéter.

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Les joueurs du Toulouse FC, Zakaria Aboukhlal, et du FC Nantes, Mostafa Mohamed, ont demandé, via un post sur les réseaux sociaux, à ce que l’on « respecte » leurs « croyances personnelles », eux qui sont musulmans. Qu’avez-vous à leur dire ?

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