Ils pensaient passer des cimes du Aoraki-mont Cook (3 724 m) au plus modeste Cerro Catedral (514 m). Six jours après avoir tutoyé les sommets face à la Nouvelle-Zélande, pour le match d’ouverture de la Coupe du monde, le XV de France a gravi péniblement la moyenne montagne uruguayenne, jeudi 14 septembre. Dans un stade Pierre-Mauroy de Villeneuve-d’Ascq (Nord) bondé, les coéquipiers d’Anthony Jelonch, capitaine d’un soir pour son retour de blessure, ont pris la mesure de la 17e nation mondiale (27-12). S’ils enchaînent un deuxième succès d’affilée dans « leur » Mondial, les Bleus ont manqué de maîtrise face à de vaillants Uruguayens, et échouent à décrocher le bonus offensif.
« Le plus important, c’était la victoire », a observé après la rencontre le sélectionneur Fabien Galthié, mentionnant de la « frustration » chez ses joueurs. « On n’est pas là pour faire une démonstration ou rendre une copie propre, mais pour gagner. » Jamais en maîtrise, souvent à la faute, mais vainqueurs quand même, les Bleus se sont dépêtrés du « piège uruguayen », comme l’a tourné le troisième ligne Sekou Macalou, au terme d’une partie hachée – 15 pénalités concédées pour la France, 16 pour l’Uruguay. Une petite surprise, tant depuis quatre ans, cette équipe a pris l’habitude de se montrer clinique.
Avec douze changements dans le XV de départ, le staff tricolore avait largement remanié son équipe pour ce deuxième match de la compétition. Et constitué un XV de France composite, fait d’habituels « finisseurs » (les remplaçants), de revenants et de jeunes pousses, sans trop de vécu ensemble. « Beaucoup [des Uruguayens] jouent [ensemble] à Peñarol, donc ils ont de l’expérience collective, plus que nous finalement », observait le talonneur Pierre Bourgarit mercredi. Et certains manques d’automatismes ont paru criants.
« Pas un match abouti »
Au vu de la partie sans éclat offerte par le XV de France, il n’est pas dit que les joueurs alignés aient marqué des points dans la bataille pour les strapontins dans les matchs importants – à l’exception peut-être du troisième ligne Sekou Macalou. « Quand tu remanies l’équipe, chacun a envie de se montrer, et parfois, on oublie l’équipe, a reconnu le pilier Sipili Falatea. Il y avait trop d’énergie, trop d’envie, et un manque de lucidité, et à des moments, on a voulu surjouer tout seul. » D’autant plus face à une équipe présumée plus faible, quand bien même tous insistaient pour « ne pas prendre l’Uruguay de haut ».
Comme face aux All Blacks, le premier essai du match a été rapidement concédé par les Bleus. « On s’attend à ce qu’ils mettent beaucoup d’activité et d’énergie en début de match », exposait le centre Arthur Vincent mercredi. Après six minutes de jeu, l’essai de l’ailier Nicolas Freitas, à la suite d’une belle ouverture au pied, est venu le confirmer. Si Antoine Hastoy a rapidement répondu, remettant les Français devant, les joueurs d’Amérique du Sud ont malmené les avants tricolores, en s’appuyant, comme s’y attendait Pierre Bourgarit, « sur les fondamentaux de notre sport : la conquête, la mêlée, la touche et les ballons portés ». Et le « gros travail devant » qu’anticipait le talonneur rochelais s’est mué en une partie brouillonne pour le pack français – et l’ensemble de l’équipe.
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