« Football Leaks » : après un procès-fleuve, prison avec sursis pour le hacker portugais Rui Pinto

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Au terme d’un marathon judiciaire de plusieurs années, le hacker et lanceur d’alerte portugais Rui Pinto est enfin fixé sur son sort. Lundi 11 septembre, le tribunal de Lisbonne a condamné le jeune homme, à l’origine de la plus grande fuite de données de l’histoire du journalisme (70 millions de documents confidentiels), à quatre ans de prison avec sursis.

Connu en Europe, depuis 2016, pour les révélations des « Football Leaks », cette fuite massive de documents qui a montré l’étendue des montages offshore et autres mécanismes de fraude fiscale en vigueur dans l’univers du ballon rond, le trentenaire au visage poupin était visé par 89 charges lors de son procès-fleuve, ouvert en septembre 2020 et interrompu plusieurs fois par la pandémie de Covid-19.

S’il a bénéficié d’une amnistie partielle proposée par le gouvernement portugais pour certains délits, dans le cadre de la visite du pape François au Portugal, en août, lors des Journées mondiales de la jeunesse de Lisbonne, Rui Pinto a été reconnu coupable d’« accès illégitime » à des systèmes informatiques et de « violation de correspondance aggravée ».

Les juges ont aussi retenu contre lui le chef de « tentative d’extorsion » (pour une somme comprise entre 500 000 et 1 million d’euros) sur le fonds d’investissement Doyen Sports, particulièrement actif dans le monde du football et à l’origine des déboires judiciaires du hacker de 34 ans, après le dépôt d’une plainte à son encontre.

« Il a été clairement établi que [M. Pinto] voulait recevoir de l’argent », a déclaré la juge Margarida Alves, pour qui « les faits décrits, pour l’essentiel, ont été considérés comme prouvés ». L’air contrit, le prévenu avait reconnu, au dernier jour de son procès, en janvier, avoir « commis des illégalités ».

Ses avocats William Bourdon, Francisco et Luisa Teixeira da Mota saluent la « prise en compte » par le tribunal « de l’effort de sincérité » de leur client « qui a reconnu des erreurs ». Ses défenseurs se « réjouissent » que la Cour ait « admis » « la contribution » de Rui Pinto « à la défense des grands intérêts publics », rappelant qu’il bénéficie aussi au Portugal, depuis août 2020, d’un « statut de témoin protégé » en raison de sa collaboration active avec les autorités de son pays.

« Harcèlement judiciaire insupportable »

Relayées par le consortium European Investigative Collaborations, dont Mediapart fait partie, les Football Leaks ont notamment permis à la justice espagnole de condamner à deux ans de prison (commuée en une amende de 365 000 euros) pour fraude fiscale, en 2019, la star portugaise Cristiano Ronaldo.

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