Football : à la Coupe du monde 1958, les treize travaux de Just Fontaine

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C’est l’histoire d’un record qui n’avait l’air de rien et qui est devenu un mythe. Mort, mercredi 1er mars, à l’âge de 89 ans, Just Fontaine avait, à force de la réinterpréter, fait de la formule un palimpseste. « Des égyptologues trouvent une momie intacte. Ils l’observent et s’aperçoivent qu’elle bouge sous ses bandelettes. Ils s’empressent de la libérer, et quand finalement elle peut parler, elle dit : “Pardon, mais est-ce que Just Fontaine détient toujours le record de buts marqués ?” », s’amusait-il souvent.

Depuis l’été 1958, en Suède, l’ancien attaquant de l’équipe de France occupe, seul, la première place du nombre de buts inscrits lors d’une Coupe du monde. De Pelé à Lionel Messi en passant par Ronaldo ou Miroslav Klose, des générations de buteurs se sont cassé les dents sur le chiffre treize, porte-chance pour l’ancienne icône du Stade de Reims. « Je ne sais pas si ce record sera battu un jour, exprimait-il en 2014. Mais bon, si je peux le garder. » Il l’aura emporté dans la tombe.

Aux abords de l’été 1958, alors qu’en France le général de Gaulle vient de se voir confier les pleins pouvoirs, qu’Alger s’est insurgée et que des généraux rêvent d’un coup d’Etat à Paris, l’équipe de France de football réalise sa première aventure en Coupe du monde, se hissant à la troisième place d’un tournoi éclaboussé par le talent de son attaquant Just Fontaine.

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Un beau parcours auquel pas grand monde ne croyait – à commencer par la Fédération française de football, qui n’embarque que trois jeux de maillots, un pour chacun des matchs du premier tour. Si Paris Match a titré, au lendemain de la petite finale, « Ils ont fait de la France un des grands du football », l’épopée des Bleus a commencé dans un relatif anonymat. Seuls deux cents supporteurs et une demi-douzaine de journalistes guère convaincus avaient fait le déplacement. A l’époque, le football n’a pas l’aura qui l’entoure de nos jours, et cet été-là, la France se passionne davantage pour le Tour de France, et l’affrontement entre Raphaël Geminiani, Jacques Anquetil et Charly Gaul.

« Un duo magique »

« Au départ, la presse française ne nous donnait aucune chance, on allait là-bas en vacances, rappelait Raymond Kopa, en 2017. Il semblait, à l’époque, qu’on n’était pas très très bons. » Avant de se rendre en Suède, les Bleus n’avaient plus gagné un match pendant sept mois, et les observateurs se souvenaient que lors de l’édition 1954, ils étaient revenus de Suisse sans gloire, après une élimination dès le premier tour. « On nous disait que nous arrivions les premiers en Suède et que nous repartirions les premiers, se souvenait Roger Piantoni, en 1998. Nous étions blessés dans notre amour-propre. »

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