A quelques jours de sa réélection attendue (il est l’unique candidat) à la tête de la Fédération internationale de football (FIFA), lors du congrès de l’instance jeudi 16 mars à Kigali (Rwanda), Gianni Infantino se serait bien passé d’une telle bombe.
Car c’est bien une bombe qu’a lâchée, dimanche 12 mars, le journal helvétique Neue Zürcher Zeitung (NZZ), alors que le président de la FIFA est visé, depuis juillet 2020, par une procédure pénale en Suisse pour « incitation à l’abus d’autorité, à la violation du secret de fonction et à l’entrave à l’action pénale » en raison de ses trois rencontres secrètes – sans procès-verbal –, en 2016 et 2017, avec l’ex-procureur général suisse Michael Lauber, chargé des enquêtes en lien avec la FIFA entre 2015 et 2019 et démissionnaire en juillet 2020.
Selon la NZZ, qui s’appuie sur des sources anonymes et une vaste documentation « officielle et secrète » dont elle dit avoir vérifié l’authenticité, le Qatar aurait espionné MM. Infantino et Lauber. Les deux hommes auraient été placés sur écoute lors d’une réunion confidentielle, qui s’est déroulée le 16 juin 2017 à Berne, dans une salle de réunion au premier étage de l’hôtel Schweizerhof, où sont installés les bureaux de l’ambassade du… Qatar en Suisse. Lieu d’une précédente rencontre secrète entre MM. Lauber et Infantino, en mars 2016, l’établissement est, en outre, la propriété d’une société liée à un fonds souverain qatari.
M. Infantino était à l’initiative de cette série de rendez-vous avec M. Lauber ; c’est un ami du président de la FIFA, le procureur du Haut-Valais, Rinaldo Arnold, qui a organisées plusieurs d’entre eux avec André Marty, porte-parole du ministère public de la Confédération (MPC).
A cette époque, M. Lauber était responsable des enquêtes pénales du MPC en lien avec la FIFA, notamment celle ouverte contre inconnu, en mars 2015, par le parquet suisse pour « gestion déloyale, blanchiment d’argent par le biais de relations bancaires en Suisse », concernant l’attribution, en décembre 2010, du Mondial 2022 au Qatar. Un pays qui, selon le MPC, n’a jamais répondu aux demandes d’entraide judiciaire des autorités suisses depuis le début des investigations.
Une feuille de route présumée
Selon la NZZ, cette opération d’espionnage aurait eu pour but de faire chanter M. Lauber et d’obtenir des éléments « compromettants ». Commanditée par le Qatar, elle aurait été menée par la société américaine de renseignements Global Risk Advisers (GRA), dirigée par un ex-cadre de la CIA, Kevin Chalker. Ce dernier serait, selon Associated Press, dans le collimateur du FBI.
Il vous reste 69.83% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.