Le président de la Fédération internationale de football (FIFA), Gianni Infantino, peut respirer. A quelques jours de sa réélection attendue lors du congrès de la FIFA – il est le seul candidat en lice –, le 16 mars, deux procureurs extraordinaires helvétiques, Hans Maurer et Ulrich Weder, ont décidé, le 2 mars, de classer une procédure pénale « partielle » pour « gestion déloyale voire escroquerie » le visant. Cette enquête concernait un vol en jet privé effectué par M. Infantino, en avril 2017, entre le Suriname et la Suisse.
Pour justifier ce vol en interne, un collaborateur de M. Infantino avait assuré que ce dernier devait rentrer en Suisse en raison d’une réunion programmée à Nyon, le 12 avril 2017, avec le président de l’Union des associations européennes de football (UEFA), Aleksander Ceferin. Ce rendez-vous était suivi d’une autre réunion à Genève. Or, ce jour-là, M. Ceferin était en voyage officiel en Arménie et ne pouvait être à Nyon, comme en témoignent le site Internet de l’UEFA et celui de la Fédération arménienne de football. « Le prévenu a réussi à démontrer de manière compréhensible et en tout cas irréfutable que sa décision était conforme au règlement de la FIFA sur les frais des hauts dirigeants », expliquent MM. Weder et Maurer.
« Ce vol en jet privé avait pour but de permettre à M. Infantino de se rendre à un entretien important convenu début avril 2017 avec [le magistrat grec] Vassilios Skouris à Genève. M. Infantino souhaitait que cette rencontre soit traitée de manière confidentielle, également dans l’intérêt de son interlocuteur, et il s’agissait pour lui d’obtenir l’appui de M. Skouris pour que ce dernier occupe une fonction importante au sein de la FIFA ou de sa commission d’éthique », précisent les deux procureurs extraordinaires. Ancien président de la Cour de justice de l’Union européenne, Vassilios Skouris a été élu, en mai 2017, comme coresponsable de la commission d’éthique de la FIFA.
En août 2020, la commission d’éthique de la FIFA avait blanchi M. Infantino, au terme d’une enquête préliminaire concernant « la réservation par la FIFA d’un vol privé du Suriname à Genève ».
« Des indices d’activité criminelle »
Mais, en décembre 2020, le magistrat Stefan Keller, prédécesseur des procureurs extraordinaires Maurer et Weder, avait déclaré « avoir récolté des indices d’activité criminelle de la part du président de la FIFA ». En cause : ce vol en jet privé sur les deniers de la FIFA.
Selon M. Keller, dont la récusation demandée par M. Infantino au Tribunal pénal fédéral suisse a été acceptée en avril 2021, il existait « des indices clairs que le président de la FIFA s’est rendu coupable d’un comportement pénalement répréhensible ».
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