Ancienne joueuse internationale et présidente de la Fédération norvégienne de football (NFF), Lise Klaveness a marqué les esprits, en Mondovision, lorsqu’elle a ouvertement critiqué l’attribution de la Coupe du monde au Qatar, en mars 2022, lors du congrès de la Fédération internationale de football association (FIFA) à Doha.
Alors que la NFF ne soutiendra pas Gianni Infantino lors du congrès de la FIFA, jeudi 16 mars à Kigali (Rwanda), Lise Klaveness, 41 ans, revient dans un entretien au Monde sur le bilan du patron du football mondial, unique candidat à sa succession.
Quel regard portez-vous sur le bilan de Gianni Infantino à la tête de la FIFA ?
Il faut d’abord reconnaître le grand défi que représente le fait de diriger l’instance faîtière du football mondial. La tâche d’unir ses 210 membres n’est pas facile. Cela dit, nous sommes très préoccupés par la direction que Gianni Infantino a prise ces derniers temps. Il y a des occasions manquées. Du point de vue de la NFF, son comportement au cours des derniers mois est inquiétant car nous le voyons s’éloigner de plus en plus des réformes et du changement qu’il avait annoncés en 2016 et qui lui ont permis de remporter l’élection.
Gianni Infantino est-il l’« homme de la réforme » de la FIFA et du système qu’il prétendait être en 2016 lorsqu’il a été élu ?
D’après ce que nous avons vu et entendu de Gianni Infantino récemment, je ne peux pas dire qu’il le soit. Il a manqué de nombreuses occasions de joindre le geste à la parole lorsqu’il s’agit des réformes qu’il défendait sur le papier, par exemple la politique de la FIFA en matière de droits humains.
Trop souvent, nous le voyons banaliser les violations de ces droits et utiliser une rhétorique de division qui, non seulement sape les principes universels des droits humains sur lesquels repose le football, mais alimente également un conflit et une polarisation entre l’Est et l’Ouest. Cette approche ne lui permet pas de remplir son mandat le plus important en tant que dirigeant de la FIFA, à savoir l’unification du football mondial.
D’un autre côté, il y a eu des évolutions positives : il y a maintenant de l’argent pour le développement et l’éducation des associations membres, ce qui est crucial pour l’avenir du jeu. Il y a également de nombreuses personnes talentueuses et compétentes qui travaillent au sein de la FIFA au niveau administratif.
A-t-il tenu ses promesses depuis son intronisation en 2016 ?
Je ne pense pas qu’il ait tenu toutes les promesses faites en 2016. En général, nous constatons une diminution de la transparence lors des processus de prise de décision dans le football – le poste de Noël Le Graët [comme délégué à l’annexe de la FIFA à Paris] n’étant qu’un exemple récent.
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