Il a en permanence son téléphone portable à la main, jongle avec les emplois du temps et les créneaux horaires à la recherche de terrains disponibles dans un rayon de vingt kilomètres. Depuis qu’il est à la tête du club Football féminin Nîmes Métropole Gard (FFNMG), en 2008, Christian Taves a toujours fait avec cette réalité : il use du système D pour permettre aux 150 joueuses du club de pratiquer.
« On fait comme on peut, mais c’est difficile quand on n’a pas de chez-nous, explique le dirigeant. On trimballe notre matériel, les plots et les piquets dans le coffre de nos voitures. Nous sommes en permanence dans le temporaire. » Le cas de ce club est assez symptomatique de la pratique du sport féminin en France, à l’heure où le pays se targue d’organiser des Jeux olympiques et paralympiques affichant pour la première fois la « parité absolue » au niveau des athlètes.
Avec une quinzaine d’équipes et vingt éducateurs et éducatrices entraînant des filles à partir de 6 ans, le FFNMG concentre tous les obstacles possibles, peinant à trouver de bonnes conditions pour exister. Pour l’entraînement, les footballeuses disposent d’une pelouse sur l’hippodrome de Nîmes, mais la situation se complique pour trouver des stades homologués où disputer des matchs.
« Je dis souvent que nous sommes la dernière roue du carrosse. C’est la galère ! Il nous est arrivé d’aller jouer des matchs nationaux à Uzès [commune située à trente minutes de Nîmes]. Nous n’avons même pas une salle de sport pour faire de la musculation, ni même recevoir des partenaires. Depuis toujours, nous sommes des SSF, des sans stade fixe », explique Christian Taves.
« On ne se sent pas considérés »
Dernier rebondissement en date : en janvier, alors que l’équipe senior s’apprêtait à jouer un seizième de finale de la Coupe de France contre Bordeaux (D1), le terrain d’entraînement s’est retrouvé impraticable à cause du passage de sangliers ! « Je suis en colère, a déclaré l’entraîneur, Yohan Bonnet, dans le quotidien régional Midi libre. Nous faire jouer sur ces terrains, c’est de l’irrespect et c’est même dangereux pour la sécurité des joueuses. On ne se sent pas considérés. Comment préparer des matchs de haut niveau dans ces conditions ? »
Dans ce contexte d’urgence, la ville a obtenu un prêt du club masculin de football, le Nîmes olympique (Ligue 2). Pour les cinq prochains matchs à domicile, les sportives vont affronter leurs adversaires sur l’annexe du stade des Costières. Une solution qui ne fait, en réalité, que repousser le problème : ce stade est voué à la démolition. Et pour les entraînements le club se déplace à Bellegarde, à vingt kilomètres au sud de Nîmes.
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