Il ne pouvait guère mieux étrenner son costume de sélectionneur en Coupe du monde. Après la victoire, vendredi 8 septembre, du XV de France face à la Nouvelle-Zélande (27-13), pas vraiment une petite nation du rugby, Fabien Galthié a préféré rester sobre : « Il y a des points d’amélioration, mais avoir traversé ce match et en sortir victorieux, ça va nous faire du bien. » Du haut de ses quatre éditions disputées comme joueur, dont une finale perdue (1999), l’entraîneur sait que la compétition, prévue jusqu’au 28 octobre, est encore longue.
C’est à l’avant-veille d’une Coupe du monde en partie organisée par la France que Fabien Galthié apparaît pour la première fois dans Le Monde, le 13 juin 1991. Au détour d’une brève, les lecteurs apprennent, sans plus de détails, que ce « demi de mêlée de Colomiers » a été sélectionné avec les Bleus pour un match amical face à la Roumanie.
En octobre 1991, alors que débute le grand raout mondial de l’Ovalie, Philippe Broussard détaille les caractéristiques des demis de mêlée, ces numéros 9 « témoins privilégiés de [la] confrontation entre les packs ». Le journaliste s’appuie alors sur la parole du « benjamin du Quinze de France ». Agé de 22 ans, Fabien Galthié explique : « “C’est un poste de créateur. On est amené à prendre sans cesse des initiatives.” »
La tâche n’est pas toujours aisée et les débuts sont mitigés : les Bleus sont éliminés en quarts de finale. « Le jeune Fabien Galthié a éprouvé bien des difficultés à “assumer” l’héritage de [Pierre] Berbizier au poste de demi de mêlée », juge, sévère, Philippe Broussard après le premier match des Français. Avant de saluer, à la rencontre suivante, sa prestation d’« excellent organisateur du jeu ».
L’exclu devenu « patron »
Par la suite, Le Monde couvre avec parcimonie le début de carrière de Fabien Galthié. Certes, en mai 1992, la journaliste Bénédicte Mathieu évoque son rôle dans la « belle aventure » de l’US Colomiers, petit club de banlieue toulousaine arrivé en quarts de finale du championnat de France pour la première fois de son histoire. Mais son contrat de six mois, en 1995, dans un club d’Afrique du Sud, au Cap, expérience peu courante à l’époque, fait à peine l’objet d’une courte brève, tout comme certaines de ses blessures. Cette année-là, après le forfait de plusieurs joueurs, Fabien Galthié participe in extremis à la Coupe du monde, organisée… en Afrique du Sud.
En 1999, après une tournée des Bleus ratée dans l’hémisphère Sud, il est écarté du XV de France à la veille d’un nouveau Mondial. Mais le demi de mêlée Pierre Mignoni se blesse. Bis repetita, les portes s’ouvrent à la dernière minute. Fabien Galthié met de côté l’amertume, bien réelle, de son éviction initiale et devient l’un des artisans du joli parcours des Bleus, victorieux des All Blacks en demi-finales.
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