Les volleyeurs français sont tombés face aux géants italiens, jeudi 14 septembre, à Rome : devant 11 000 tifosi survoltés et dans une ambiance étouffante, ils ont subi la loi des champions d’Europe et du monde en titre en demi-finale de l’Euro 2023. Il n’y a pas eu d’exploit pour les Bleus : outsiders de ce duel de haute volée, ils ne sont pas parvenus à faire douter leurs hôtes, vainqueurs 3 à 0 (25-21, 25-19, 25-20).
L’Italie visera un huitième sacre continental, le deuxième consécutif, samedi face à la Pologne dans ce même Palais des sports de Rome, tandis que la France tentera de se consoler le même jour avec la médaille de bronze contre la Slovénie.
Conspués à leur entrée sur le terrain et visés dans la première manche par des spectateurs qui les aveuglaient avec des lasers, les Bleus, entraînés par la légende italienne du « pallavolo » Andrea Giani, ont tenu le choc jusqu’à 18-18 dans la première manche. Mais la Nazionale, avec son génial passeur Simone Gianelli à la baguette, a fini fort pour empocher le set inaugural en 29 minutes.
En début de deuxième set, les Bleus sont retombés dans leurs travers de ce tournoi, en collectionnant les fautes directes aux services (3 consécutives pour un total de neuf dans la manche). Les entrées conjointes d’Earvin Ngapeth et de Stephen Boyer à 13-7 en faveur des Italiens ont stoppé l’hémorragie, mais le mal était fait et les Bleus ont concédé la deuxième manche sur une nouvelle faute au service.
Tout un symbole, dans le troisième set, Ngapeth, ménagé jusque-là dans le tournoi, s’est retrouvé à terre après avoir vu son attaque contrée par le block italien. Ses Bleus n’ont pas réussi à se relever. « On a laissé l’équipe d’Italie jouer son jeu. On peut beaucoup mieux jouer que ce qu’on a fait ce soir. J’ai le sentiment qu’on n’a pas été vraiment dans ce match, je n’ai pas aimé comme on a abordé et géré ce match », a regretté Gianni.
Un esprit d’équipe exceptionnel
Même si le titre espéré n’est pas au bout, cet Euro permet aux champions olympiques de Tokyo en 2021 de se rassurer à un an de « leurs » JO, l’été prochain à Paris. S’ils ont remporté la Ligue des nations 2022, les Bleus restaient en effet sur deux tournois majeurs décevants (9es de l’Euro 2021, 5es du Mondial 2022).
Les Français n’ont pas totalement dissipé les doutes lors d’une phase de poules marquée par une défaite contre la Roumanie, qui a surtout permis à Andrea Giani de procéder à une revue d’effectif, en particulier d’évaluer l’état de forme de son joueur vedette Earvin Ngapeth. Il a beau être un phénomène du volley, élu meilleur joueur du tournoi olympique 2021, Ngapeth n’était pas prêt à jouer une compétition de cette intensité après une longue absence de quatre mois sur blessure.
Celui qui est considéré comme l’un des meilleurs réceptionneurs-attaquants en activité a dû se contenter de bribes de match, jusqu’à la demi-finale, où Giani a tenté le tout pour le tout, après avoir été décisif lors du premier set du huitième contre la Bulgarie. « On ne jouait pas à armes égales car on a eu trop de pépins physiques, a souligné Ngapeth. Physiquement, on n’était pas tous bien. Si on joue et qu’on est tous bien, que je n’ai pas mon pépin au genou, ce n’est pas le même match. »
Ce tournoi a aussi rappelé que la génération dorée du volley français est animée d’un esprit d’équipe exceptionnel, qui lui permet de compenser un certain déficit de puissance et de taille. Les Bleus ont balayé en huitième de finale à Varna leurs hôtes bulgares 3 à 0, puis ont corrigé en quart de finale, sur le même score, les Roumains, qui les avaient battus en phase de poules. Cela n’a toutefois pas été suffisant contre l’Italie, plus athlétique, plus confiante et plus jeune, dont le règne ne fait peut-être que commencer.