Leo, 12 ans, élève en « primero de la ESO [éducation secondaire obligatoire] », l’équivalent de la 5e, dans un collège de la banlieue de Madrid, vient de terminer son examen d’éducation physique de milieu de premier trimestre. Au programme : aucun exercice sportif mais un questionnaire lui demandant le nom d’une vingtaine de muscles et des principales articulations du corps humain, dont il a étudié les mécanismes de flexion et d’extension durant près d’un tiers des cours…
Non seulement l’Espagne est à la queue des pays européens en nombre d’heures de pratique du sport à l’école, mais l’éducation physique inclut une grande part de cours théoriques. Deux heures par semaine, à peine, sont consacrées au sport dans les collèges de la plupart des régions espagnoles, où l’élaboration des programmes scolaires est décentralisée.
Seule la communauté de Madrid a approuvé une troisième heure d’éducation physique obligatoire à l’école, en 2020, après plusieurs années de débat sur sa mise en pratique. « C’est bon pour la santé physique et psychique, cela aide à combattre l’obésité et le surpoids, mais aussi à apprendre à vivre ensemble en société et à savoir perdre et gagner avec sportivité », a fini par trancher la présidente de la région, la conservatrice Isabel Diaz Ayuso, alors que les professeurs de langues s’élevaient contre la mesure. Cette troisième heure a été prélevée sur les deux heures d’enseignement optionnel d’une seconde langue vivante (souvent le français) ou de musique.
Plus que tous les autres arguments brandis par les professionnels, c’est la brusque augmentation de l’obésité infantile qui a fait avancer le débat en Espagne. En 2016, lorsque la région de Madrid avait lancé l’idée, 20 % des élèves présentaient du surpoids, 10 % souffraient d’obésité et 80 % ne pratiquaient aucun sport en dehors de l’école. Les derniers chiffres de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), publiés en août, estiment à 39 % les enfants espagnols souffrant de surpoids et 29 % d’obésité.
« Cinq heures de sport par semaine », selon les études
« Nous sommes à la queue en nombre d’heures de sport à l’école et on en est réduit à se bagarrer pour trois heures hebdomadaires, alors que l’on sait très bien que les études sur la question préconisent cinq heures par semaine », souligne le président de la fédération des collèges officiels des professionnels d’éducation physique (Colef), Vicente Gambau.
Il insiste aussi sur l’importance de garantir la qualité de l’enseignement par des professeurs spécialisés, alors qu’en primaire il n’est pas rare que les cours soient dispensés par des maîtres d’école généralistes. « Pour nous, c’est une grave erreur, car c’est durant l’enseignement primaire que les enfants doivent acquérir les coutumes et habitudes sportives adéquates », ajoute M. Gambau.
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