A Pulse, le siège de Paris 2024, la moquette est de seconde main, des bacs récupèrent l’eau de pluie pour alimenter un potager sur la terrasse, 300 mètres carrés de panneaux photovoltaïques fournissent de l’électricité et vous ne trouverez pas de plastique à usage unique au restaurant même si un distributeur Coca-Cola (sponsor du Comité international olympique, CIO, oblige) propose sodas, chips et confiseries.
Implanté à Saint-Denis (Seine-Saint-Denis), au pied du métro et à proximité du Stade de France et du futur village des athlètes, cet immeuble reconnaissable à son imposante façade en bois et en verre est « le laboratoire » de Jeux olympiques et paralympiques annoncés comme « historiques pour le climat » par le président du Comité d’organisation, Tony Estanguet, et en « rupture » avec les éditions précédentes. Une ambition (et une condition) portée depuis le premier jour de la candidature par la maire de Paris, Anne Hidalgo : les Jeux seront écolos ou ne seront pas.
Cette promesse de Jeux écologiques est-elle crédible ? Ou, autrement dit, les Jeux sont-ils compatibles avec la lutte contre le changement climatique ? Le Monde a sollicité l’expertise d’Eclaircies, structure indépendante à but non lucratif regroupant des spécialistes de la transition écologique, pour analyser la stratégie climat de Paris 2024.
Une communication « verte » qui fait machine arrière
A Paris 2024, preuve que les ambitions climatiques sont prises au sérieux, il y a une « directrice excellence environnementale » : « Un titre pas toujours facile à porter », reconnaît avec un certain sens de l’autodérision Georgina Grenon. Pour s’éviter un procès en « greenwashing », comme le Qatar avec sa Coupe du monde de football « neutre en carbone », Paris 2024 la joue désormais plus modeste dans sa communication.
Exit « les premiers Jeux à contribution positive pour le climat », vantés par le Comité d’organisation dans le document – toujours de référence – de mars 2021 détaillant sa « stratégie climat ». L’ambition affichée était d’« aller plus loin » que la « neutralité carbone » en « compensant » davantage d’émissions de gaz à effet de serre que celles générées par l’événement. La référence à la « neutralité carbone » a également été discrètement abandonnée : dans un avis rendu en mai 2022, l’Agence de la transition écologique (Ademe) rappelait que la notion n’a de sens qu’à l’échelle de la planète ou d’un pays et qu’elle peut avoir un caractère « trompeur » lorsqu’elle est invoquée dans le cadre d’un événement.
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