Victorieux de l’Angleterre, à Twickenham, en match de préparation, les Fidjiens s’avançaient confiants à l’heure de disputer la Coupe du monde. Mais dimanche 17 septembre, c’est une performance d’un tout autre calibre qu’ont réussi les Flying Fijians (les Fidjiens volants). Dans un stade Geoffroy-Guichard de Saint-Etienne ayant pris fait et cause pour eux, les joueurs du Pacifique ont réussi l’exploit de faire tomber l’Australie (22-15), deux titres mondiaux au compteur pour se relancer dans la course à la qualification pour les quarts de finale.
Battus par les Gallois lors de leur première rencontre malgré une remontée au score dans les dernières minutes (32-26), Semi Radradra et ses coéquipiers ont de nouveau vécu une fin de match intense. Mais cette fois, ce sont eux qui ont résisté à la pression adverse pour décrocher leur première victoire face aux Wallabies depuis… 1954.
Décisive, cette rencontre était aussi particulièrement spéciale pour certains joueurs dans les rangs australiens, à l’image des centres Samu Kerevi et Marika Koroibete, tous deux nés aux Fidji. Un exemple du « pillage » effectué depuis de longues années par les Wallabies et la Nouvelle-Zélande dans la diaspora des autres nations du Pacifique (Fidji, Samoa et Tonga), et que tente de compenser World Rugby, la fédération internationale, en permettant d’opter pour une autre nationalité sportive plus tard dans leur carrière.
En attendant de changer − peut-être − d’écussons dans le futur, les « Fidjiens de l’Australie » ont vécu un moment étrange lorsqu’ils ont fait face au cibi (danse effectuée avant le coup d’envoi, de la même manière que le haka des Néo-Zélandais) de leurs adversaires. Mais pas de quoi bouleverser Mark Nawaqanitawase. Lui aussi originaire des îles Fidji, l’ailier a été le premier à se mettre en évidence en surprenant la défense par une touche vite jouée avant d’aller aplatir sans opposition (24e).
Les Fidjiens ont résisté au retour des Wallabies
« On doit être capables de gagner les phases de combat, confiait le sélectionneur australien Eddie Jones vendredi, lors d’une conférence de presse d’avant match. Quand viendront les phases de transition, on doit avoir deux temps d’avance sur eux, car ils excellent dans ce domaine. Le combat sera intéressant, ils ont un très gros pack et on veut les défier dans ce secteur. » Problème pour les Wallabies, ses joueurs avaient beau avoir pris l’avantage au score, ils ont eu du mal à appliquer les consignes de l’ex-talonneur.
Les Australiens ont même subi durant l’intégralité de la rencontre, d’autant qu’ils étaient handicapés par le forfait de dernière minute de leur capitaine et deuxième-ligne Will Skelton à cause d’une « légère contracture » au mollet. Le colosse rochelais (2 m 03, 145 kg) a assisté, impuissant, depuis les tribunes à la performance des Fidjiens, menés par leur demi de mêlée Simione Kuruvoli, très actif dans le jeu et décisif face aux perches (quatorze points au pied).
Dominateurs, les Fidjiens ont définitivement creusé l’écart en seconde période grâce à un essai tout en vitesse du centre lyonnais Josua Tuisova (43e). Mais c’est finalement dans un style épuré, loin de leur habituelle folie, que les joueurs du Pacifique ont tenu en fin de match, malgré un essai tardif de l’arrière australien Ben Donaldson (68e). Avant de défier la Géorgie et le Portugal, sur le papier les deux équipes les plus faibles du groupe, les Fidji se replacent ainsi à hauteur de l’Australie (6 points) au classement, et peuvent se mettre à rêver très sérieusement d’une première qualification en quarts de finale d’un Mondial depuis 2007.
Notre sélection d’articles sur la Coupe du monde de rugby