Être un sérieux outsider de la Coupe du monde de rugby et jouer sa survie dès le deuxième match de la phase de groupes. Voilà le curieux paradoxe des Fidji, battus (32-26) par le Pays de Galles lors de leur entrée en lice, dimanche 10 septembre. Malgré une remontée au score en fin de match, Semi Radradra et ses coéquipiers ont été défaits alors que le centre lyonnais a eu entre les mains la balle de match, qu’il a maladroitement laissé tomber dans les dernières secondes, à quelques mètres de l’en-but adverse.
Résultat, les Flying Fijians (les Fidjiens volants) se retrouvent obligés, ou presque, de l’emporter face à l’Australie, dimanche 17 septembre, au stade Geoffroy-Guichard de Saint-Etienne. Sur le papier, la victoire semble promise aux Wallabies, double champions du monde (qui ont battu de la Géorgie 35-15 pour leurs débuts dans la compétition), mais la donne n’est pas aussi évidente que l’indiquent les palmarès des deux équipes.
Juchés au septième rang mondial avant le coup d’envoi de la compétition, les Fidji étaient la nation la mieux classée de la poule C. Un statut acquis à la faveur de quelques coups d’éclat, à l’image de la première victoire de leur histoire contre l’Angleterre, qui plus est à Twickenham (Londres), en août, lors de la préparation au Mondial (30-22).
Ce succès peut s’expliquer en partie par la perte de vitesse du rugby anglais. Mais pas seulement. Depuis plusieurs saisons, les joueurs du Pacifique progressent, menés par des stars ayant fait leurs armes dans les meilleurs clubs du monde. Ainsi, le sélectionneur Simon Raiwalui peut s’appuyer sur le troisième-ligne Levani Botia, double champion d’Europe avec le Stade rochelais, le centre toulonnais Waisea Nayacalevu (champion de France en 2015, avec le Stade français) ou sur le surpuissant ailier du Racing 92 Josua Tuisova.
Dans la foulée des Fijian Drua
Parmi les 33 Fidjiens sélectionnés, on trouve aussi deux joueurs de l’Aviron bayonnais, le pilier Luke Tagi et le centre Sireli Maqala. « Ce sont des détonateurs, des joueurs capables à tout moment de créer une opportunité de marquer. Sireli, par exemple, est phénoménal. Il peut battre n’importe quel défenseur dans un mètre carré », observe Gerard Fraser, entraîneur des arrières du club basque. Outre « la folie qu’ont toujours eue » les joueurs de l’équipe nationale, le technicien néo-zélandais estime que les Fidjiens possèdent désormais « une structure dans le jeu ».
Pourtant « structure dans le jeu » et « Fidjiens » ont rarement cohabité dans une même phrase. Même lors de la qualification pour les quarts de finale du Mondial 2007 − déjà en France −, les Flying Fijians s’étaient surtout distingués grâce à leurs fulgurances offensives, et pas vraiment pour leur rigueur défensive. Mais depuis, les choses ont changé, dans la foulée des Fijian Drua.
Il vous reste 52.71% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.