Comment le MMA force la boxe à se « dépoussiérer »

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Pour rencontrer Morgan Charrière, rendez-vous à l’US Metro, une salle parisienne d’arts martiaux mixtes (MMA). Une cage, un grand espace recouvert d’un tatami, un ring, des sacs de frappe, un coin dédié à la préparation physique… Le décor rêvé pour un athlète. Début août, le Français (27 ans) a rejoint l’Ultimate Fighting Championship (UFC), la plus prestigieuse organisation de MMA. Samedi 2 septembre, il prend part à l’événement organisé par la ligue américaine à l’Accor Arena de Paris.

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Le natif de Poissy (Yvelines) n’est pas un combattant au style agressif. Très présent sur YouTube et sur les réseaux sociaux, il s’est construit, au fil des ans, une véritable communauté et une image de marque. « J’ai fait le choix de contrôler ce que je peux contrôler, explique l’intéressé. Quand tu combats pour une organisation privée, ce qui compte, c’est ce que tu leur apportes : ton style, si tu mets des K.-O., si tu as une image vendeuse… Il faut que les gens payent pour te voir. J’ai pris tous ces axes pour être mieux payé et pour que les sponsors s’intéressent à moi. »

Pour l’immense majorité des combattants de MMA, entrer dans la cage et gagner ne suffit pas. A l’UFC, par exemple, on signe son premier contrat pour quatre matchs, rémunérés chacun quelque 10 000 dollars (9 200 euros), une somme doublée en cas de victoire. A cela s’ajoutent les revenus de sponsoring versés par l’organisation : 4 000 dollars (3 680 euros) par apparition. Le montant croît en fonction de l’ancienneté dans la ligue.

Retranchez 10 % destinés à l’entraîneur, 10 % au manageur, les taxes et les impôts, et enfin les frais (soins, multiplicité des entraîneurs, déplacements, etc). Avec une moyenne de deux combats par an, pour peu qu’il y ait une défaite, une blessure ou un manque d’adversaire, les revenus nets chutent à quelques milliers de dollars l’année… dans la meilleure ligue mondiale. En France, une vingtaine de pratiquants vivent de leur sport, tout au plus. Et, même pour les grands champions, les bourses apparaissent presque ridicules à côté de celles des très grands boxeurs.

« La communication sépare les combattants lambda des stars »

Giom Peltier est le manageur de Morgan Charrière et dirige la Bulgarian Top Team, une des principales agences de management de MMA en Europe. « Un grand champion à l’UFC va prendre de 500 000 à 1 million d’euros pour un combat, voire plus pour quelques très rares exceptions, détaille-t-il. Un champion de boxe chez les poids lourds va prendre dix fois plus. » La redistribution de l’argent dans les organisations de MMA diffère par ailleurs : d’après les calculs de divers observateurs, l’UFC reverserait environ 13 % de son chiffre d’affaires (1,3 milliard de dollars en 2022, soit 1,2 milliard d’euros) à ses combattants. Quand du côté des grandes fédérations de boxe, on s’approche plutôt du cinquante-cinquante.

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