« Charles Ollivon, immense et solide comme la Rhune »

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Aristide Barraud, 34 ans, est un ancien joueur de rugby. Demi d’ouverture, formé au RC Massy, il a notamment joué au Stade français et en équipe de France des moins de 20 ans. Blessé par balle lors des attentats du 13 novembre 2015 à Paris, il a été contraint de mettre un terme à sa carrière à 26 ans. Il se consacre depuis à l’écriture, à l’art et à la photographie.

« Charles Ollivon est immense. J’ai même dû monter sur une chaise pour le photographier. Pourtant, je ne parle pas de son double mètre moins un centimètre (il mesure 1,99 m). Parce que moi la taille, ça ne m’intéresse pas. Déjà, j’ai toujours été le plus petit de mes équipes. Ensuite, je mets quand même deux têtes à ma sœur. Et ma sœur reste la plus haute personne que je connaisse.

Mais bref, Ollivon, c’est autre chose. C’est une sensation, un ressenti qu’il impose sans le vouloir, sans violence. Sûrement l’effet que donnent ceux qui reviennent de loin. Qui ont dû renoncer souvent, connaître la perte et la douleur. On dit revenir de loin mais les kilomètres c’est comme la taille, ça ne compte pour rien. Car tout se joue à l’intérieur, au plus près et au quotidien. C’est un voyage de chaque centimètre gagné, de chaque refus d’abandonner. Une foi dans le futur, dans ses propres capacités.

Charles Ollivon a vécu des années de lutte interne, à enchaîner les galères loin du terrain. En 2018, une énième blessure à l’épaule l’a laissé deux ans en tribune. Il a rencontré une dizaine de chirurgiens, aucun n’a pris le risque de l’opérer. Doucement, la retraite à 25 ans s’est rapprochée. A chaque nouvelle salle d’attente, à chaque mois dans le doute, la sensation de tomber, toujours plus bas.

« Son regard apaisé au cœur du combat »

S’il y a un avantage à la chute, c’est la connaissance de soi. La découverte de zones inconnues qui deviennent des bases de force, de confiance, de stabilité une fois la hauteur retrouvée.

S’il y a un avantage à la hauteur, c’est l’observation. Comme au sommet d’une montagne. Car en regardant en arrière, on contemple plus facilement le chemin parcouru. Sa montagne à lui s’appelle la Rhune, un sommet du Pays basque où il a grandi. Petit, son père l’y amenait, le dernier kilomètre se faisait à la course. Là-haut comme récompense pour l’endurance, il y avait l’omelette du restaurant d’altitude et la vue sur la région dont il est à la fois un héritier et la personnification.

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Car Charles Ollivon est endurant comme un berger, habile comme un pelotari et robuste comme un champion de force basque. Mais ce qui m’impressionne le plus chez ce joueur que les épreuves ont forgé, c’est sa sérénité, sa confiance en la victoire qui imprègne ceux à ses côtés. Lors des prochains matchs, je vous invite à observer son langage du corps, son regard apaisé au cœur du combat.

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