En MotoGP, il existe une « énigme Johann Zarco ». En sept saisons dans la catégorie reine, le pilote français de l’équipe Pramac est monté à seize reprises sur un podium en championnat du monde, mais jamais sur la plus haute marche. Et la question revient comme une ritournelle : celui dont le style tout en fluidité est admiré par ses pairs va-t-il enfin gagner ?
Après un bon début de saison, Johann Zarco arrive au Mans, où se dispute le Grand Prix de France, avec les qualifications et la course sprint samedi 13 mai, avec des ambitions légitimes. Malgré sa chute en Espagne, à Jerez, le 30 avril, il a montré à la meute des jeunes loups qu’il reste l’un des plus rapides de l’élite. Même si, à 32 ans, il est bien conscient de s’approcher du crépuscule de sa carrière. « Je n’ai pas dix ans devant moi », résume-t-il.
Le natif de Cannes est le deuxième pilote le plus âgé du paddock, derrière l’Espagnol Aleix Espargaro, d’un an son aîné. Un âge canonique en moto de vitesse. Dans l’histoire de la discipline, un seul trentenaire a réussi à devenir champion du monde : l’Italien Valentino Rossi, qui décrocha le dernier de ses neuf titres mondiaux en 2009, à 30 ans.
Johann Zarco sait qu’il a pour lui l’expérience. « Depuis mes débuts en MotoGP, j’ai progressé, en particulier au freinage, explique-t-il. Mais la compétition est devenue incroyablement serrée, avec parfois dix-huit pilotes dans la même seconde lors des qualifications. Pour gagner un Grand Prix, il faut que tout soit parfait le jour J : le moteur, le châssis, les pneus, le pilote, l’équipe… »
« Peut-être lui manque-t-il un grain de folie, avance Sébastien Poirier, le président de la Fédération française de motocyclisme. Il a un côté cérébral, il intellectualise beaucoup. Ça peut expliquer pourquoi il a souvent raté ses départs. Il n’est pas du genre à partir en mode “fou furieux”, à prendre tous les risques sans se soucier des autres concurrents. » Une analyse que l’intéressé confirme à demi-mot, même s’il estime avoir « réussi tous ses départs cette saison ».
« Chez Pramac, il est heureux, ça se sent »
Le 2 avril, il s’est classé 2e du Grand Prix d’Argentine, après avoir repris huit secondes au vainqueur du jour, Marco Bezzecchi, 24 ans, lors des huit derniers tours, sur une piste mouillée par le crachin. Une semaine plus tôt, au Grand Prix du Portugal, il avait une fin de course tonitruante, dépassant trois concurrents, pour échouer au pied du podium (4e).
Dans les deux cas, son équipe – une écurie satellite de Ducati, ce qui permet à Johann Zarco de bénéficier de la meilleure machine actuelle du plateau –, avait laissé éclater sa joie à l’arrivée. « Chez Pramac, il est heureux, ça se sent. Johann a un côté “old school”. Plus il vieillit, plus il accorde d’importance aux rapports humains », fait valoir Hervé Poncharal, le patron de la formation GasGas-Tech 3, avec laquelle il a débuté en MotoGP en 2017.
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